Une nouvelle est venue chasser l’autre cette semaine. Il y a eu tout d’abord l’annonce du plan de relance à 100 milliards d’euros du Premier ministre, Jean Castex (voir les pages Actualités). Et puis, il y a eu les (sombres) bilan et perspectives de l’Insee, laquelle est venue nous rappeler à la dure réalité des chiffres. L’avantage, avec les chiffres, c’est qu’ils peuvent tenir lieu de boussole lorsque l’économie est envahie d’un brouillard à couper au couteau… Bon, les 100 milliards de France Relance, c’est bien, cela mettra de l’huile dans les rouages de l’investissement des entreprises. Mais l’on raisonne, là, à dix ans. Pour l’heure, le quotidien des entreprises ne se nourrit que très peu de savoir que l’économie va carburer à l’hydrogène à l’horizon 2030-2040. L’heure est à la sauvegarde des trésoreries, à faire respecter les délais de paiement, à faire de la résistance aux prix tirés vers le bas, à la recherche de contrats pérennes plutôt que de spots, à trouver la bonne jauge au niveau des effectifs. L’Insee – évoquant l’économie – parle de « moteur bridé et dopé ». Bridé par les contraintes sanitaires, dopé par les mesures monétaires et budgétaires. Moins pire que prévu : le PIB français devrait reculer de 9 % en 2020, au lieu de 11 %. Prévoir tout de même la destruction de plusieurs centaines de milliers d’emplois… À l’échelle de l’Union européenne, les experts de la Commission tablent sur un repli de la croissance de 8,3 % en 2020 contre les 7,4 % initialement prévus. Bruxelles entrevoit une embellie pour le second semestre et le retour du soleil pour 2021. Bonne nouvelle, certes, mais conditionnée à l’absence de seconde vague ainsi qu’à une coordination suffisante des mesures politiques mises en place au sein de chaque État membre. Et si, par miracle, un vaccin contre le coronavirus venait à être découvert et rapidement commercialisé, ce serait le grand bleu…
Éditorial