Déporter 40 % du trafic poids lourds sous terre

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Déporter 40 % du trafic poids lourds sous terre

Depuis 2013, la société Cargo sous terrain (CST) travaille en Suisse au développement d’un réseau de tunnels pour marchandises de près de 500 km afin de désengorger les routes et d’agir pour le climat. Le projet entièrement privé, soutenu par les grands de la distribution, de l’industrie et des banques suisses, coûtera 33 Md de francs (31 Md d’euros). Les autorités suisses s’apprêtent à légiférer pour lancer le projet.

Le Conseil fédéral suisse – le gouvernement de la Confédération helvétique – vient de donner son accord de principe au développement de CST, qui se définit comme « un réseau de logistique urbaine pour les villes intelligentes » de demain. Le Conseil fédéral a décidé, fin janvier, de créer la base légale nécessaire au développement de ce projet en adoptant rapidement une loi sur le transport souterrain de marchandises.

Entreprise privée soutenue par tous les grands noms de l’industrie, de la banque et de la distribution du pays, CST veut développer à travers la Suisse un réseau de 490 km de tunnels pour transporter sous terre de petits conteneurs pouvant contenir deux palettes chacun. Les tunnels relieront sites de production et centres logistiques aux portes des villes. Des véhicules autonomes sur roues circuleront 24 heures sur 24 à une vitesse constante de 30 km/h sur des rails à induction, dans les tunnels à trois voies reliés aux centres logistiques par des monte-charges verticaux. Un second système, suspendu à un rail pour des paquets de plus petite dimension, circulera lui à 60 km/h. L’infrastructure sera uniquement alimentée par des énergies renouvelables et entièrement automatisée. CST estime pouvoir économiser jusqu’à 80 % de CO2 par tonne de marchandises et absorber 40 % du trafic poids lourds à l’horizon 2030. « Notre créneau, ce n’est pas le trafic entre l’Italie et l’Autriche, mais le trafic à l’échelle de la palette pour le marché suisse », précise Patrick Aellig, membre du directoire de CST chargé de la communication du projet.

Logistique finale

Le projet s’intéresse aussi à la logistique finale. En ville, les livraisons ne seront plus effectuées séparément par des fournisseurs différents mais de manière coordonnée en fonction des lieux de livraison et des délais. Livraisons de marchandises et enlèvement des déchets auront lieu dans la même tournée. À la surface, CST assurera la livraison finale à bord de véhicules écologiques, « des véhicules électriques sans émissions sonores ou climatiques, des vélos-cargos… Mais nous sommes bien sûr ouverts à toutes les inventions techniques qui ne sont pas encore mûres pour une utilisation à grande échelle et qui seront prêtes d’ici là… » La loi que veut rédiger le Conseil fédéral établira les conditions pour la construction et l’exploitation des installations, et offrira la sécurité juridique aux investisseurs. « C’est pour nous très important d’avoir une loi qui sera valable pour tous les cantons, pour toutes les communes », souligne Patrick Aellig.

Le projet, qui a débuté en 2013 sous forme d’association, est géré depuis 2017 par une société anonyme. Ses actionnaires – une soixantaine au total, à majorité suisses – sont les géants de la distribution Migros et Coop, mais aussi le spécialiste du logiciel SAP, la Poste suisse, Swisscom, crédit suisse ou l’aéroport de Zurich. Ils se sont engagés à avancer, dans un premier temps, 100 millions de francs (94 millions d’euros) pour la planification du projet. « Migros et Coop ont été dès le départ intéressés par le projet qu’ils ont largement porté, explique Patrick Aellig. Ils ont vraiment fait preuve de prévoyance en se disant qu’il fallait sécuriser les transports de l’avenir, face aux prévisions de développement des transports. » Les prévisions de la Confédération font état d’une augmentation du transport de marchandises de 37 % entre 2010 et 2040. Le développement de CST se déroulera en plusieurs étapes. La première sera la construction d’un couloir de 70 km de tunnels et de 10 plateformes hubs dans la région de Zurich pour un coût total de 3 milliards de francs. Il devrait être inauguré en 2031 et pourra être étendu dans un second temps à l’ensemble du pays. Le premier tronçon autour de Zurich permettra d’économiser 40 000 tonnes d’équivalent CO2 par an. Le système permettra également de réduire de 50 % les émissions sonores et de 30 % la circulation liées au transport de marchandises. Pour être rentable, le tunnel de la région de Zurich devra transporter 330 millions de tonnes par kilomètre ; 100 millions de tonnes par kilomètre pour la partie city-logistique. « Nous serons toujours en concurrence avec le rail et la route, rappelle Patrick Aellig. Nous ne serons pas en situation de monopole, ce qui veut dire que nous pourrons être légèrement plus chers que la concurrence à condition d’apporter un véritable plus en matière de service, de rapidité par exemple. Notre business model devra être compétitif. » Le concept de CST ne sera pas réservé à la seule Suisse. « Notre projet a vocation à être exporté, assure Patrick Aellig. Nous rencontrons un vif intérêt en Chine et en Asie en général. »

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