« La réforme de la formation remet en question le modèle économique de la formation initiale », soutient Céline Montagne, leader des RH chez GT Solutions. Avec les lois du 5 mars 2014 et du 5 septembre 2018, le groupe, qui a formé depuis plus de trente ans 3 500 personnes avec son École du conducteur par le biais de l’alternance, a vu disparaître le financement des formations obligatoires et des permis SPL au titre du plan mutualisé et de la professionnalisation. « Auparavant, un contrat pro permettait d’obtenir différentes aides, des allocations tuteurs, accompagnement, et on était aussi remboursés sur la partie pédagogique, précise Valérie Faucheux, responsable de la formation. Nous perdons environ 4 000 euros par élève, soit une somme de 700 000 à 800 000 euros au total par an et nous ne pouvions pas nous le permettre. » Certes, des financements restent possibles avec Pôle emploi, mais ils restent très lourds à mettre en place du point de vue administratif et ne sont pas encore déployés sur l’ensemble du territoire.
La réforme a donc incité l’entreprise à créer un centre d’apprentissage qui apporte une aide unique de 4 125 euros par apprenti pour les entreprises de moins de 250 salariés. Un choix qui s’avère particulièrement payant cette année puisqu’avec la crise sanitaire, l’État a fait un geste supplémentaire en majorant l’aide, à 5 000 euros pour les apprentis mineurs et 8 000 euros pour les apprentis majeurs, « sachant que nous n’employons que des apprentis majeurs en mesure de conduire un camion », précise Valérie Faucheux. Les élèves n’auront donc plus un contrat pro mais un contrat d’apprentissage. L’école peut accueillir autant d’élèves qu’auparavant via l’apprentissage mais le public sera différent, l’apprentissage étant réservé aux personnes âgées de 30 ans maximum. « Nos filiales préféreraient des conducteurs plus âgés, souligne Céline Montagne. Ce sont souvent des personnes bien établies, qui ont des familles et ont intérêt à rester pour faire fructifier la formation qu’elles ont reçue, ce qui n’est pas forcément le cas des plus jeunes. » Le groupe continuera néanmoins à signer des contrats pro s’il ne peut trouver d’apprentis qui correspondent aux profils recherchés.