« Nous savons que la sortie du diesel en six ans ne sera pas si facile mais c’est le cap que nous donnons parce que la pollution de l’air affecte massivement la santé des habitants », soutient Valentin Lungenstrass, adjoint au maire de Lyon chargé des mobilités, de la logistique urbaine et de l’espace public. Et pour y parvenir, différents dispositifs seront déployés pour agir à la fois sur le développement des transports en commun, l’acquisition de voitures individuelles « plus vertes » mais aussi sur l’optimisation du dernier kilomètre au sein du territoire métropolitain. Une aide supplémentaire pour l’acquisition de nouveaux véhicules propres ou d’autres modes de transport a été annoncée par la nouvelle équipe municipale mais elle ne concerne, pour le moment, que les particuliers. « En revanche, pour les commerçants et les livreurs, nous allons entamer une discussion avec eux, précise Valentin Lungenstrass. Nous les soutiendrons d’une manière ou d’une autre pour qu’ils puissent entrer dans les clous. »
Pour améliorer la logistique urbaine, la nouvelle équipe entend travailler avec les entreprises et les commerces « pour avoir une gestion du dernier kilomètre exemplaire », notamment en développant des hôtels de logistique urbaine. « Déjà, au niveau de la métropole, une bonne majorité des trajets de TRM est optimisée, mais nous souhaitons le pousser au maximum pour minimiser l’encombrement des véhicules et la pollution de l’air », souligne l’adjoint au maire. De grands pôles seront approvisionnés par tous les modes lourds, avant de diriger les marchandises vers des espaces de logistique urbaine plus restreints en surface mais plus proches des espaces commerçants. Les livraisons seraient optimisées pour alimenter une grappe de commerçants par des VUL hybrides ou électriques et des vélos-cargos pour certaines marchandises. « Et ces espaces de logistique urbaine pourront également se situer en bord de Saône ou de Loire pour développer davantage l’utilisation du transport multimodal », précise Valentin Lungenstrass. Et la nouvelle équipe ne se ferme pas à de nouvelles expérimentations, à l’image du tram-cargo de Dresde en Allemagne pour une industrie particulière : « Nous sommes dans une région industrielle assez importante, ça peut aussi être une solution pour nos entreprises. » La nouvelle équipe municipale envisage d’ajouter des places de livraison dédiées sur des places de stationnement aujourd’hui utilisées par des véhicules personnels.
Les sujets environnementaux ne sont pas nouveaux pour la ville de Lyon qui a été parmi les premières municipalités à s’engager dans le dispositif « zone à faibles émissions » (ZFE), lancé début 2019. Après une phase pédagogique, les véhicules professionnels portant les vignettes Crit’Air 4 ou 5 ont été bannis de certaines zones le 1er janvier 2020. En 2021, ceux possédant la vignette Crit’Air 3 s’y ajouteront. À noter que des dérogations provisoires (pour trois ans) ont été définies pour les véhicules frigorifiques, les bétonnières, les camions-bennes, les porte-engins et les camions-citernes à eau. Pour les Transports Rodis, situés à Genas, près de Lyon, qui ont une activité de distribution en région lyonnaise, le principal impact des choix de cette nouvelle municipalité portera sur les véhicules, avec le renforcement du dispositif ZFE. « Le problème reste le coût des véhicules à énergie alternative, environ 30 % plus chers que les camions roulant au diesel, indique Christine Dmirdjian, directrice générale de l’entreprise. Peut-être que nous ferons cet investissement mais il faut que les infra–structures, comme des stations de recharge, suivent. » La dirigeante pointe également les délais de livraison de véhicules par les constructeurs, entre six à neuf mois actuellement. Et un autre point freine la livraison urbaine, le manque de places de stationnement dédiées, surtout dans les zones piétonnes. « Nous devons nous garer en plein milieu des voies, souligne Christine Dmirdjian. Et nous recevons régulièrement des amendes. »