François Raynal : Notre activité s’est révélée soutenue bien qu’à un niveau plus faible qu’habituellement. Des recrutements qui étaient déjà en cours ont été finalisés pendant le confinement et nous avons ensuite obtenu quelques nouvelles missions. Nous avons pu sourcer les candidats après une courte période de « sidération » pendant laquelle les candidats ayant d’autres préoccupations restaient distants.
Didier Aivazoff : À part les recrutements initiés avant cette période, les missions ont été mises en stand-by. Nous n’avons pas eu de recrutement estampillé Covid. Les entreprises qui ont dû faire face à un accroissement de leur activité avaient davantage besoin de personnels roulants que de postes d’encadrement.
F. R. : La tendance nous paraît positive. Dès la première semaine suivant le déconfinement, nous avons enregistré un flux de nouvelles missions et nous avons donc publié de nouvelles offres d’emplois. Nos clients auront besoin de cadres pour gérer leurs opérations, et, même si moins de volumes transitent dans un entrepôt logistique ou une agence transport, un directeur et un encadrement resteront nécessaires. Nous pensons qu’il puisse aussi y avoir un effet de rattrapage sur certains recrutements.
D. A. : C’est très variable. Certaines entreprises ne savent pas si elles vont pouvoir conserver des emplois, encore moins si elles vont recruter. Et d’autres recherchent des emplois en permanence parce qu’elles sont en activité forcée. L’entreprise attend encore des signaux de la reprise économique et d’un retour à la normale qui risque d’être de courte durée.
F. R. : Les demandes concernent davantage des postes opérationnels, des patrons d’agences, de l’encadrement de terrain. En logistique, certaines activités se sont avérées très demandées et le restent, comme dans l’alimentaire ou le retail. Les demandes de fonctions commerciales se sont par ailleurs maintenues et augmentent avec la sortie de confinement. En revanche, les postes de support stratégique, qui s’inscrivent dans le long terme, sont moins nombreux.
D. A. : Peut-être que des entreprises travailleront davantage sur des plans de poursuite d’activité en cas de crise, ce qui impliquerait de nouveaux profils. Mais si elles retrouvent leurs activités d’avant crise, et donc le même nombre d’emplois, ce sera déjà merveilleux. Le marché de l’emploi, très saturé jusqu’alors, risque d’être plus libéré, malheureusement à cause de licenciements. Il faut se laisser du temps, jusqu’en septembre au moins, pour y voir vraiment clair. En espérant ne pas faire face à une nouvelle période de confinement qui aggraverait la situation économique des entreprises.
F. R. : Nous avons réalisé tout le processus en visio-conférence : les entretiens, les présentations de candidats aux clients, les entretiens entre les candidats et les clients et même la finalisation du recrutement. Nous utilisions parfois ces outils auparavant mais jamais jusqu’à cette dernière étape. Sur les postes d’encadrement, il y a toujours une nécessité à un moment de rencontrer le candidat physiquement. Mais pendant le confinement, des clients exprimaient des besoins opérationnels urgents et ne pouvaient attendre. Dès la première semaine de déconfinement, des entretiens en présentiel ont eu lieu.
D. A. : Avant la crise sanitaire, 95 % de nos recrutements se réalisaient déjà en visio car le recrutement doit aller très vite. Le recrutement dans le secteur de la supply chain, en plein emploi, s’apparente à un sprint car il est très compliqué de trouver des candidats cadres supérieurs. On ne parvient plus à déplacer un candidat sur une journée dans un lieu donné. Au cas par cas, en fonction du client, de ce que nous ressentons selon le profil, nous rencontrons parfois le candidat. Et les clients, réticents avec ce système il y a encore 4 ou 5 ans, le plébiscitent aujourd’hui.