Deux centimes au fil de l’eau

Mer agitée, coup de vent imprévisible, cap incertain… Avec une telle météo, comment les plans de relance du TRM produits tour à tour par l’OTRE et la FNTR ont-ils été perçus par un Jean-Baptiste Djebbari à présent totalement tourné, à babord et à tribord, vers la relance du trafic ferroviaire (de voyageurs !) en vue du déconfinement normalement prévu pour le lundi 11 mai ? Un sacré morceau à appréhender pour un secrétaire d’État aux Transports et un gouvernement exposés à tous les vents et, parfois, à tâtons au moment de choisir le bon cap… À l’heure où nos voisins allemand, néerlandais et espagnol ont commencé à remettre de l’huile dans la salle des machines, pas question de rester en rade, d’autant plus que les capitaines de sociétés de l’Hexagone s’impatientent de remonter sur le pont pour relancer la production. Il s’agit de remettre progressivement la France à flot – celle en panne sèche depuis deux mois – pas une mince affaire lorsque l’on sait les contraintes de toutes sortes qui planent sur les patrons de sociétés et les DRH en matière de protection de la santé des salariés. L’OTRE et la FNTR ont tout récemment rendu public, chacune, leur plan de relance du secteur. Il s’agit, pour l’une, de suspendre le cabotage au travers de la clause de sauvegarde, d’accompagner les entreprises dans leurs investissements en matière de formation et de transition énergétique ou de mettre en place une norme ou un label sanitaire français propre au transport routier, pour ne citer que ces sujets ; pour l’autre, le cap proposé est mis sur l’annulation des charges de mars à juin, le déplafonnement et la pérennisation de la DFS (déduction forfaitaire spécifique) ou, entre autres, sur le soutien aux entreprises candidates au rachat de transporteurs en difficulté. Point commun aux deux organisations : elles réclament – ainsi que l’Union TLF – le report à janvier 2022 du rabotage de 2 centimes par litre de la ristourne gazole. « Pas à l’ordre du jour », a déjà répondu Jean-Baptiste Djebbari, en arguant du fait que les entreprises de TRM tirent profit des baisses du prix des carburants depuis le début de la crise sanitaire et économique. Les fédérations professionnelles en ont fait un cheval de bataille. De son côté, le ministre campe sur ses positions. L’État a lâché des milliards d’aides depuis le début de la crise. Mais il reste à 2 centimes près…

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