Le lycée pro Carnot multiplie les projets stimulants

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Projets humanitaires, voyages à l’étranger, découverte de sites historiques… Le lycée professionnel Carnot multiplie les projets qui associent théorie et pratique pour ses élèves. Objectifs : motiver les jeunes sortant du collège et les fidéliser dans le secteur.

Ouverte il y a dix-huit ans sous l’impulsion des transporteurs du bassin roannais, la section du bac professionnel conducteur transport routier de marchandises (CTRM) du lycée Carnot entreprend depuis sa création de multiples actions mêlant la théorie à la pratique durant les trois années de formation des élèves. La filière regroupe 72 élèves théoriques sur les trois niveaux du bac pro, dans une cité scolaire regroupant quelque 1 200 jeunes. « Nous n’arrivons jamais totalement à 72 élèves sur les trois classes, souligne David Duchamp, enseignant et référent des projets dans la section. En revanche, la première année, les 24 places sont toujours remplies. » Le bac pro n’a ainsi aucun problème de recrutement et doit même refuser quelques candidatures chaque année. Dès les débuts de la section, des actions spécifiques ont été mises en place, toujours avec l’objectif d’allier aspect professionnel et ouverture d’esprit, par une action humanitaire, un voyage à l’étranger ou la visite d’un site historique. « Nous avons toujours été suivis par notre administration, au-delà du simple fait de passer un diplôme, précise David Duchamp. Les actions se réalisent souvent de façon opportune, par exemple les associations nous appellent parce qu’elles savent ce qu’on fait ou ce qu’on a fait. » C’est le cas d’une association qui souhaitait transporter un bateau fabriqué dans le Jura, par des élèves d’un lycée de métalliers, jusqu’en Bretagne pour permettre à des personnes en situation de handicap moteur de naviguer. « Ils savaient que nous étions prêts à nous lancer dans ce genre de défi et nous ont contactés. » Autre initiative, tous les ans, les élèves réalisent la collecte annuelle de la banque alimentaire. Comme l’ensemble des actions, la totalité de la démarche entre dans le processus de formation et fait partie de la validation de leur contrôle continu. Un transporteur roannais met ses quais à disposition pour les élèves qui arrivent avec les semi-remorques. « Ils déchargent les camionnettes qui viennent des points de collecte, refont les palettes et chargent les semi-remorques, le tout sous le contrôle du chef d’entreprise. Puis ils emmènent la marchandise à Saint-Étienne », explique David Duchamp. Ces actions les mènent également à l’étranger, comme un projet de transport de minibus jusqu’au Togo en 2021, en lien avec un orphelinat de Pagouda. Objectifs pour les élèves : trouver un minibus qui servirait de bibliothèque ambulante de village en village, aller le chercher, réaliser un peu de mécanique s’il faut le restaurer, et organiser toute la partie transport maritime, avec les aspects administratifs comme la douane, emmener le véhicule jusqu’au port pour qu’il soit embarqué. Puis conduire le minibus de Lomé à Pagouda, sur 400 km de brousse. « Ce projet englobe de l’enseignement général, souligne David Duchamp. Les élèves créeront notamment une entreprise virtuelle, une ESS (entreprise solidaire et sociale), et auront tous les rôles qui apparaissent dans une entreprise de transport. Ça leur permettra de travailler leur diplôme d’une manière différente. » Les premiers projets arrivent vers la fin de la seconde, le temps de s’adapter entre la sortie du collège et l’entrée au lycée professionnel. Si les mesures liées au Covid-19 sont levées d’ici le mois de juin, ils devraient partir au volant de véhicules légers pour visiter le MIN de Rungis, avec conduite de nuit, préparation d’itinéraire et travail sur la distribution de produits frais.

Savoir-être

« Ce projet est une motivation pour eux toute l’année. Les élèves savent qu’ils partent sous conditions, bonne attitude, bon comportement et, parfois, seule une partie d’entre eux peut partir, souvent dans le cas d’un projet humanitaire. Dans ce cas, l’investissement dans le travail les départage, indique l’enseignant, qui souligne que la grande partie du travail sur les trois années – même si le but est d’apprendre un métier aux élèves –, repose réellement sur le savoir-être. Mais ils sont jeunes, ce ne sont pas des adultes, donc on peut plus facilement travailler sur ce point. » La section regroupe trois filles actuellement et essaie d’en attirer davantage. « Nous constatons un changement d’esprit dans la façon de travailler dans les classes lorsqu’elles sont là, soutient David Duchamp. Ce n’est pas toujours facile pour elles d’être dans une section majoritairement masculine, mais elles s’en sortent très bien. » Le lycée professionnel développe également les projets européens avec des lycées de Belgique et de Suède depuis deux ans. Au début de l’année, la moitié d’une classe s’est rendue une semaine à Genk, en Belgique, dans un projet eTwinning, programme lié à Erasmus. Les élèves ont suivi des cours avec les lycéens belges, en anglais puisque le lycée se trouve en région flamande. « L’autre moitié de la classe devait s’y rendre début mars mais le voyage a été annulé en raison des mesures relatives au Covid-19, indique David Duchamp. Nous attendons de savoir si les autres projets prévus d’ici à la fin juin seront maintenus. » Le lycée souhaite désormais permettre à ses élèves d’effectuer un stage dans ces deux pays avec le programme Erasmus+ destiné aux filières professionnelles. « Nous attendons la réponse, souligne l’enseignant. En 2021, huit élèves de terminale pourraient ainsi partir », ajoute l’enseignant. « Ces actions montrent autre chose que le monde de la route qui n’a pas toujours une image positive, soutient David Duchamp. Et elles peuvent décider un élève qui hésiterait avec un autre métier à se lancer dans la filière, voire même motiver les parents. » En partenariat avec les transporteurs du bassin roannais, le lycée travaille en amont pour faire changer l’image du métier, par exemple en le présentant à des collégiens ou en communiquant sur les réseaux sociaux. « Nous montrons ce qui est possible dans un bac pro mais pas uniquement aux futurs élèves, indique David Duchamp. Beaucoup de transporteurs ne savaient pas vraiment ce qui était fait dans les lycées professionnels. » Et cette formule, qui inclut des formations complémentaires comme le chariot élévateur ou le premier niveau de matières dangereuses, présente un avantage pour les entreprises. Dès 18 ans, si les élèves obtiennent le bac, ils valident tous les permis et n’ont pas besoin d’attendre l’âge de 21 ans pour conduire des véhicules de plus de 3,5 t. Ce mode de formation semble fidéliser les jeunes au sein de la filière : sur les six dernières années, 93 % des élèves de la section travaillent dans le transport, qu’ils soient conducteurs, formateurs, voire chefs d’entreprise. Beaucoup décident de rejoindre les entreprises de la région. Les lycéens sont formés au transport de marchandises générales mais doivent présenter un transport spécifique pour une épreuve orale. « On les oblige à partir en stage dans une entreprise de transport spécifique, souligne David Duchamp. Autour de Roanne, ils peuvent l’effectuer dans une société de transport d’animaux vivants, et, comme nous nous situons au bout du Massif central, de transport de grumes. »

Chaque année se tient le championnat de France des élèves conducteurs routiers. En 2019, les élèves du lycée Carnot ont remporté le titre par équipe et ont permis au lycée d’être organisateur de l’édition 2021. « C’est une source de motivation pour nos élèves, avec un événement qui réunit plusieurs épreuves et regroupe plus de 300 élèves pendant trois jours, explique David Duchamp. Et ça crée un challenge puisqu’à la fin, seuls deux d’entre eux sont sélectionnés. »

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