Alors que 13 ports qui travaillent étroitement avec la Chine sont fortement touchés par l’interruption des échanges avec l’empire du Milieu, d’où un ralentissement pour la chaîne logistique italienne, les restrictions adoptées au niveau local par les institutions des régions foyers de l’épidémie de Covid-19, comme la Lombardie et la Vénétie, ont ajouté de l’huile sur le feu. Car pour empêcher la propagation du virus, plusieurs sites de production et certaines entreprises ont momentanément mis la clé sous la porte. Une situation insoutenable pour plusieurs acteurs importants comme Confetra, la confédération générale des transports et de la logistique, Conftrasporto-Confcommercio, qui représente 30 000 entreprises et Fedespedi (fédération des expéditionnaires italiens) qui tirent la sonnette d’alarme. « La chaîne logistique et l’économie italienne risquent de s’effondrer, il faut centraliser les informations et mettre en place un plan d’actions rapides au niveau national pour redresser la barre au plus vite », a déclaré Silvia Moretto, présidente de Fedespedi. Dans un document adressé au gouvernement italien, Fedespedi a souligné la question de l’allongement des délais pour les procédures de contrôle des importations de marchandises en direction des pays non membres de l’Union européenne. « À Gênes, par exemple, où la moyenne des délais d’attente est passée de deux à huit jours, cette situation risque de bloquer les approvisionnements », estime Silvia Moretto. Plus de 50 liaisons maritimes avec la Chine y ont été interrompues et, en Vénétie, la deuxième région foyer de l’épidémie, la diminution du volume d’importations, par voie aérienne notamment, a déjà en un impact négatif sur les approvisionnements.
Alors que faire pour éviter le scénario catastrophique décrit par la plupart des entreprises italiennes et des associations de transporteurs et d’expéditionnaires ? D’abord, éviter la mise en place de mesures drastiques favorisant le ralentissement de l’économie dans des régions clés comme la Lombardie, locomotive de l’Italie, comme l’interdiction de circulation dans les « zones rouges », c’est-à-dire les communes situées dans les régions foyers de l’épidémie de Covid-19. « Sans production et sans logistique, sans import et sans export, l’économie, alors que les prévisions annoncent une croissance de l’ordre de 0 %, risque de sombrer dans la récession d’ici la fin de l’année et nous ne pouvons pas nous le permettre. Le gouvernement et les institutions locales doivent intervenir et relancer les moteurs de la croissance au lieu de mettre en place des mécanismes punitifs au nom de l’intérêt de la santé publique », affirme Silvia Moretto. Pour sa part, Pasquale Russo, secrétaire général de Conftrasporto-Confcommercio, a demandé au gouvernement d’intervenir auprès des institutions locales pour arrêter l’adoption de dispositifs drastiques, et d’étudier des dispositifs économiques, notamment fiscaux, afin d’aider les entreprises en difficulté car elles sont situées aux portes des zones rouges. « Les transports dépendent des sites de stockage et des établissements de production et vice-versa. Si un maillon de la chaîne est touché, tout le système risque de s’effondrer », estime Pasquale Russo.