Le marché du poids lourds hongrois est loin d'être le plus important d'Europe en termes d'immatriculations. Mais il constitue certainement aux yeux des constructeurs de poids lourds l'un des plus dynamiques. Et surtout l'un des plus stables. La croissance des immatriculations est en progression régulière depuis maintenant une dizaine d'années, avec un trend moyen de croissance de 4% par an. « Le marché a connu une dépression au début des années quatre-vingt dix, constate Luc Mallard, directeur général de Renault Trucks Hungaria. Mais c'est un pays où les transporteurs internationaux sont en train de constituer leurs moyens de production. La demande en véhicules neufs haut de gamme est donc particulièrement élevée. »
En fait, le marché se décompose en deux grandes catégories : les gammes intermédiaires et les gammes lourdes. « Le marché des gammes lourdes est très porteurs, en raison de la demande des grands groupes, note Luc Mallard. Ainsi, Hungarocamion fait à lui seul le quart du marché. » Résultat : le nombre de véhicules immatriculés dans les gammes de plus de 15 tonnes est passé d'environ 200 par an au milieu des années quatre-vingt-dix à près de 1500 l'an dernier. Sur ce segment, trois constructeurs arrivent en tête : Renault Trucks (avec une part de marché de 22%), juste devant MAN (21,6 %) et Mercedes (21 %). Renault a l'avantage d'avoir structuré un véritable réseau au cours des dernières années. Arrivée en 1996 sur le marché hongrois, la firme au losange dispose actuellement d'une quinzaine de points de vente, que se répartissent 6 concessionnaires privés. Mercedes conserve encore une structure centralisée, alors que MAN est en train d'investir dans la mise sur pied de 4 succursales.
Derrière ce marché du lourd, les gammes intermédiaires ne sont pas en reste. « En effet, il faut savoir qu'en Hongrie, les licences de transport international sont accordées aux véhicules qui font plus de 7,5 t de PTAC, précise Luc Mallard. Il n'est donc pas rare de voir un transporteur partir faire de l'international avec des véhicules de ce gabarit-là. »
Sur les gammes 6-15 tonnes, un leader se détache nettement, Iveco. Sa part de marché est supérieure à 40%, laissant loin derrière Mercedes, MAN et Renault. Il n'en reste pas moins que l'ensemble des constructeurs restent confrontés au même problème : comment faire évoluer l'ancien parc hongrois vers un parc récent. Quasiment le tiers de la flotte actuelle (soit environ 100 000 véhicules sur les 342 000 que compte la Hongrie) est constitué de véhicules qui ne sont plus fabriquées depuis plusieurs années et qui sont loin de correspondre aux normes européennes de sécurité et d'environnement. Les autorités hongroises espèrent que cette proportion passera à 10 % environ en 2005. Il restera encore à l'époque quelque 30 000 vieux camions en circulation, principalement dans les secteurs du bâtiment.
En Hongrie, la location de véhicules avec ou sans conducteur est un marché embryonnaire. Les Fraikin, Clovis ou Charterway n'ont pas encore trouvé de ce côté du Danube un véritable eldorado. Via Berauto, une filiale de Delta Truck, un concessionnaire Renault Trucks, fait un peu figure d'exception. Au départ, les responsables de Delta Truck se sont associés avec le français Via Location pour proposer le concept de la location en Hongrie. La greffe est longue à prendre et Via Location décidera de se retirer de l'affaire, laissant le soin à son partenaire local de continuer seuls l'aventure (au passage, ils garderont de cette aventure commune le nom de Via).
Sur le fond, l'offre de Via Berauto est des plus traditionnels : mise à disposition d'un véhicule sans chauffeur, avec contrat de maintenance à la clé. La plupart des clients de Via Berauto sont des chargeurs habitués à ce mode de fonctionnement : Auchan, Shell Gas, Total Gas, etc. 80 % des contrats portent sur des locations courte durée (moins d'un an).