Pour être plus parlant, nous préférons dire environ 2 milliards de francs. Ajoutons y les déficits du Sernam (entre 50 et 60 millions d'euros) et de Geodis (138 millions d'euros). Puis, dans un geste large, ceux de La Poste (139 millions d'euros). On mélange le tout et on obtient un déficit de l'activité étatique dans le transport de marchandises qui se situe aux alentours des 640 millions d'euros, soit plus de 4 milliards de francs. La banqueroute pour n'importe quelle entreprise de transport. Mais dans la sphère publique, on aime bien minimiser l'importance des chiffres (surtout quand ils sont en rouge) et dire que l'impossible a été fait. La faute à pas de chance. Les responsables de ces entreprises ont pris la fâcheuse habitude de se draper dans des explications confuses où l'on nous cite en vrac les problèmes de survaleurs, du 11 septembre, de la RTT, des grèves, etc. Et pétris par un léger remords, tous nous parlent de redressement des comptes d'ici deux ou trois ans, de plan drastique d'économie et de redéploiement. Un discours malheureusement peu crédible, tant il a montré ses limites dans le passé. Cette attitude est inconvenante vis à vis de chefs d'entreprise qui ont en permanence pour juges de paix des clients, des salariés, des banques et des actionnaires. Bref, qui jouent le jeu de l'économie de marché et qui ne comprennent pas pourquoi les entreprises publiques n'ont pas profité des deux dernières années de croissance pour assainir leurs comptes. Dominique Bussereau, le tout nouveau secrétaire d'Etat aux transports, avait confié à nos confrères de la Revue Parlementaire en 1998 qu' « en matière de transport, l'Etat a un rôle de régulateur et non d'acteur ou d'opérateur. » Gageons qu'il saura se rappeler de cette formule et surtout qu'il apprendra rapidement à la mettre en musique.
Editorial