Mardi dernier, la chaîne de télévision M6 avait décidé de «se révolter» (c'est le titre de l'émission) à propos de l'insécurité routière. Objectif louable et qu'il est impossible de condamner à priori. Malheureusement, M6 a préféré s'enfermer dans le sensationnel plutôt que dans le didactique et l'informatif. Le comble a été atteint avec la diffusion d'un reportage sur les poids lourds, intitulé « Camions : l'arme fatale ». Les producteurs de l'émission et l'animateur, Bernard de la Villardière n'y sont pas allés de main morte, nous expliquant que « dans 80 % des accidents avec un poids lourd, il y a des morts ! Et que certains chauffeurs, qui sont pourtant des professionnels de la route, ne respectent ni les limitations de vitesse, ni les distances de sécurité, ni les temps de travail et qu'en outre, ils n'équipent pas leur camion des systèmes « anti-encastrement » indispensables ». L'ensemble des professionnels du transport ne pourra que s'insurger contre de tels propos où l'on mélange implication d'un poids lourd dans un accident avec responsabilité du chauffeur et où le comportement extrêmement marginal de quelques uns est érigé en modèle de référence. Les compagnies d'assurance elles-mêmes nous ont fait part de leur condamnation d'un tel reportage où ont été occultés les immenses efforts faits par la profession au cours des vingt dernières années. Mais que valent de tels encouragements et notre indignation quand on connaît l'impact qu'a aujourd'hui une émission de télévision ? Et comment ne pas être désespéré de constater que 10 minutes de petite lucarne anéantissent des années de travail en profondeur ? Il nous reste une petite vengeance morale : boycottons le loft.
Editorial
