«Nous voulons devenir le numéro 1 de la distribution des produits sidérurgiques », lance Frédéric Charbon, P-dg du groupe Rave, basé à Torcy (71). Depuis sa création, l'entreprise bourguignonne (535 salariés) s'est spécialisée sur ce créneau. Elle y réalise 53 % de ses 54,2 millions d'euros de chiffre d'affaires. Son principal client est le groupe Arcelor (anciennement Usinor), l'un des premiers acteurs sur le secteur de la sidérurgie. Rave travaille avec l'ensemble des filiales de l'industriel, en particulier Industeel et Ugine. Arcelor (qui détient 8 % du capital de Rave) représente ainsi 45,5 % du volume d'affaires du transporteur. Néanmoins, Frédéric Charbon ne souhaite pas forcément se diversifier. « Nous aurons toujours des clients extérieurs à la sidérurgie afin d'équilibrer les flux. Mais nous souhaitons encore développer notre partenariat avec ce type d'industrie », indique le chef d'entreprise. Pour ce faire, il a notamment créé, en 2001, la marque déposée Logisteel. Il entend ainsi apporter une solution aux clients de la sidérurgie qui rencontrent des problèmes pour la distribution de leurs petits lots (de 1 kg à 20 t). « Nous leur proposons la prise en charge de leurs expéditions dans toute la France en 24/48 heures, grâce à un réseau mutualisé constitué des 14 implantations Rave », explique Frédéric Charbon. Rave projette aussi d'ouvrir de nouveaux dépôts dans le nord, l'ouest et l'est de la France d'ici à la fin 2002 « par croissance interne ou externe en fonction des opportunités ». Il compte prendre encore des parts de marché à ses principaux concurrents. « Des grands groupes, comme Giraud, transportent des produits métallurgiques finis. Nous sommes capables, pour notre part, de prendre en charge ces marchandises aux différents stades de leur élaboration », explique le P-dg. Lequel ne craint pas non plus la compétition des messagers qui disposent pourtant d'une couverture géographique plus complète. « Ces derniers n'ont pas les moyens nécessaires pour manutentionner les produits », affirme Frédéric Charbon.
Tous les sites de Rave disposent en effet d'un système de manutention conçu pour offrir une rapidité maximale. « Nous bénéficions de ponts roulants pouvant soulever de 5 à 10 t », précise Christophe Debarbat, directeur général. C'est le cas de la société Rave SA, située à Gueugnon, l'une des premières filiales du groupe avec un CA de 20 M€. Elle réalise la plus grande part de ses activités en transport routier (16 M€ de CA). Avec une flotte de 135 tracteurs, 12 porteurs et 222 semi-remorques, elle achemine une gamme de produits sidérurgiques variée : plaques de tôle, petits colis et longs tubes. Le site de Gueugnon sert de plate-forme de groupage. Les véhicules viennent décharger leurs marchandises sur le quai de transit (surface de 1 200 m2). Celles-ci sont ensuite redistribuées le jour même ou le lendemain vers le sud, le sud-est et l'est de la France. « Nous ne traitons quasiment plus de lots complets au départ », note Christophe Debarbat. Rave SA dispose également d'un entrepôt de 3 000 m2, utilisé notamment comme stocks avancés pour l'usine Iveco de Bourbon-Lancy. Elle compte un pôle « services aux industries », dédié à 90 % à l'usine de Gueugnon d'Ugine. Pour cette dernière, la société gère l'approvisionnement et les expéditions (environ 500 000 t par an de produits sidérurgiques) par ses propres moyens ou en faisant appel à l'affrètement. « Nous sous-traitons entre 15 à 20 % de notre activité. Nous ne souhaitons ni abaisser ni augmenter cette proportion pour, d'une part, garder de la souplesse et, d'autre part, conserver la qualité de service », souligne Christophe Debarbat. Les véhicules de Rave, spécialement carrossés, transportent des bobines de tôle (rouleaux pesant en moyenne 20 t). En provenance de Belgique ou de Fos-sur-Mer, celles-ci arrivent par train au chantier de transbordement ferroviaire de Digoin (à 15 km de Gueugnon). Elles sont acheminées par camion vers l'usine d'Ugine. Une fois laminées, les bobines repartent par la route ou le train. Rave SA effectue ainsi 25 000 à 30 000 navettes par an (de 30 à 120 bobines par jour) entre Digoin et Gueugnon. C'est aussi l'entreprise bourguignonne qui gère le chantier de transbordement mis en place depuis 1953. Elle y assure les fonctions de pontiers et de terminal de desserte.
Créée en 1990, Rave Transilog (45 salariés, 16 M€ de CA) est la deuxième société la plus importante du groupe Rave. Elle prend en charge les flux d'expéditions du site industriel d'Industeel, une filiale d'Arcelor basée au Creusot (71). « Nous traitons les opérations d'emballage, d'étiquetage, d'adressage et de gestion des stocks, la préparation de la commande, la réexpédition (affrètement routier et ferroviaire), la déclaration en douane, le transit maritime ou aérien et enfin le post-acheminement », indique Frédéric Charbon. Cette activité représente un chiffre d'affaires de 13 M€. Rave Transilog s'occupe en outre des manutentions internes de Creusot Loire Industries (environ 1 M€ de CA). Lesquelles nécessitent des matériels très spécifiques comme des locotracteurs (qui tirent jusqu'à 600 t) et des automoteurs (qui soulèvent de 110 à 140 t). Ces derniers servent, par exemple, à transporter des caisses d'une usine jusqu'à l'embranchement ferroviaire. Pour ces opérations, Rave SA emploie 20 conducteurs d'engin. Elle gère aussi les infrastructures ferroviaires privées du site industriel. Ces « services aux industries » génèrent naturellement des trafics routiers. Environ 40 véhicules Rave chargent chaque jour chez Creusot Loire Industries. Pour acheminer certains matériaux hors normes tels que les plaques de tôle, le transporteur dispose de 19 semi-remorques pupitres. Ces véhicules desservent notamment la Belgique, l'Espagne et l'Italie du Nord. Par ailleurs, des navettes relient le site du Creusot à Torcy (à environ 1,5 km) où se trouve la plate-forme de Rave Transilog, d'une surface de 7 000 m2. Les plaques de tôles y sont stockées avant de partir vers leurs destinations finales. Sur place, la société effectue également de l'emballage industriel, via la filiale Multi-Packs Services (créée en 2000). Quatre ponts roulants, équipés de palonniers (à griffes, ventouses ou électroaimants) pouvant soulever jusqu'à 8,3 tonnes, permettent de manutentionner les tôles.
Hormis Rave SA et Rave Transilog implantées en Bourgogne, le groupe compte d'autres filiales en France. Rave Centre-Loire, à Orléans et Châteauroux, travaille aussi pour le monde industriel, notamment avec Meg tec (fabricant de machines d'imprimeries) et Sandvik (sidérurgiste suédois). Basée à Bruyère-sur-Oise (95), Rave Ile-de-France couvre la région parisienne et le Nord.
En décembre 2001, elle a ouvert un second site à Gonesse (95), au départ duquel elle prend en charge les expéditions d'Ugine France Services. Rave Atlantique dessert, elle, l'Ouest et le Sud-Ouest. Enfin, le groupe Rave dispose de filiales à Marseille, DMS Rocca, et à Anvers, DMS Belgique, actives dans le transit maritime et les opérations portuaires. Ces deux entreprises entrent dans le cadre de « l'organisation de transport ». Un des nouveaux produits autour desquels s'organise désormais le transporteur. « Nous sommes passés d'une culture par métiers à une culture par produits », souligne Frédéric Charbon. Cette évolution fait partie intégrante du projet d'entreprise développé en 2000, qui vise à redynamiser le groupe. Après une période noire au début des années 1990, celui-ci a en effet connu une phase de restructuration aujourd'hui terminée.
Auparavant, les activités étaient structurées par « métiers » : transport routier (48,5 % du CA), affrètement (22,7 %) et services spécialisés (logistique, transit et douanes, location) pour le reste. Désormais, elles sont réparties par « produits » : opérateur et organisateur de transport (30 % du CA), logistique distribution (11 %), services aux industries (17 %), sous-traitance (10 %) et transport routier (32 %). Pour ce dernier, Rave a amorcé un changement de métier. « Nous abandonnons progressivement la longue distance et les lots complets au profit de la zone courte et la distribution », explique Frédéric Charbon. « Nous ne sommes pas spécialistes du transport international, mais continuons ces trafics pour satisfaire nos clients », ajoute Christophe Debarbat. Pour le compte d'Ugine, Rave dessert le Benelux, la Grande-Bretagne et l'Allemagne et, la Suisse pour Matthey (filiale d'Arcelor). « Nous avons mis en place, l'année dernière, un système de relais afin de limiter les contraintes et les coûts », note Christophe Debarbat. Pour le groupe Rave, 2001 a constitué une période de changements. Le siège social, auparavant basé à Gueugnon, est désormais installé au sein du Technopole Coriolis, à côté de la gare TGV Le Creusot-Montcenis. « Les filiales avaient le sentiment d'être laissées pour compte. Nous avons donc déménagé les services communs du groupe », explique Frédéric Charbon. Lequel a choisi Coriolis pour les facilités de connexions ferroviaires avec l'ensemble des sites : « Nous sommes à 1 h 15 de l'Ile-de-France et à 35 mn de la région lyonnaise, tout en restant proche de Rave SA (25 mn par la route) et de Rave Transilog (10 mn) ».
TJR Management, créée en 1995, est la holding du groupe. Frédéric Charbon possède 55 % du capital de cette structure, Christophe Debarbat (directeur général) 15 %, deux autres cadres supérieurs de l'entreprise les 30 % restants (le directeur de Rave SA et le directeur qui supervise Rave Ile-de-France, Rave Centre-Loire et Rave Atlantique). Rave SA est aujourd'hui détenue à 22 % par TJR Management, 70 % par TJR Finances et 8 % par Usinor Ugine SA. Elle chapeaute Berthelard, Rave Transilog, Rave Atlantique, Rave Ile-de-France, Rave Rhône-Alpes et Rave Centre Loire, filiales issues d'opérations de croissance externe.