Le geste ministériel est à la mesure d'un mouvement qui n'est pas parvenu à s'imposer. L'absence de la CFDT, signataire d'un protocole d'accord sur le paiement majoré de toutes les heures supplémentaires, a contribué à réduire les troupes. La prompte réaction des pouvoirs publics à libérer les sites - période pré-électorale oblige - a fait le reste. Le ministre des Transports a exclu toute possibilité de retirer son projet de décret sur le temps de travail des conducteurs, qui devrait désormais partir au Conseil d'État. Quant à des modifications de dernière minute, elles semblent bien improbables. Toucher aux équivalences, ainsi que le demandent la CGT, la CFTC, la FNCR et FO, reviendrait à déstabiliser un édifice difficilement construit. Et à bouleverser l'équilibre, partiellement restitué, instauré par le décret du 27 janvier 2000. Seule une ombre plane encore sur le bon aboutissement du processus de substitution : la menace, brandie par les quatre syndicats, de faire appel d'un avis favorable du Conseil d'Etat. Si elle était mise à exécution, cette manoeuvre pourrait retarder la publication du texte. Celui-ci rejoindrait ainsi l'accord sur le travail de nuit toujours bloqué par le ministère des Affaires sociales. Lequel, reconnaît l'entourage du ministre des Transports, renâcle à valider la transformation des repos en majoration pécuniaire. Autant d'incertitudes qui sèment la confusion au sein des entreprises les plus attachées à s'inscrire dans le strict cadre réglementaire. Celles qui, n'en déplaise aux syndicats susmentionnés, tiennent les engagements vis-à-vis de leurs salariés pour un impératif.
Editorial