Une vingtaine d'ouvriers ont été bloqués durant plusieurs heures après qu'un engin de chantier a pris feu. Le sang-froid des équipes a limité les conséquences de cet incident. Fort heureusement. Il n'en reste pas moins que les médias grand public ont sauté sur l'occasion. A l'image de la crise de la vache folle ou de la fièvre aphteuse, l'opinion exige le zéro défaut. Le ministre des Transports a alors immédiatement rappelé dans un communiqué que « l'incendie de l'A 86 est un accident de chantier qui n'a rien à voir avec l'accident de circulation qui s'est produit dans le tunnel du Mont-Blanc ». Les raccourcis et les amalgames sont pourtant repartis de plus belle : les tunnels sont dangereux, il faut arrêter d'en construire, les interdire aux poids lourds et bien évidemment, il ne faut pas rouvrir le Mont-Blanc. Lors d'un colloque sur le ferroutage qui s'est tenu récemment au Conservatoire des Arts et Métiers de Paris, un participant a même évoqué l'idée de transformer le tunnel du Mont-Blanc en tunnel ... ferroviaire. Pourquoi pas en canal ?
Cette psychose tourne au ridicule. Il ne s'agit pas de prendre à la légère les mesures de sécurité à prendre dans les tunnels. Mais à vouloir trop surfer sur la campagne électorale en cours, les détracteurs et polémistes en tout genre perdent le sens de la mesure. On a beau leur rappeler que les tunnels sont bien plus sûrs que les routes nationales, qu'ils sont un maillon indispensable de notre réseau routier, que le risque d'accident d'un poids lourd qui franchit un col est infiniment plus important que celui qui emprunte un tunnel, rien n'y fait. L'inconscient collectif est à son paroxysme. Il faudra quand même qu'on nous explique pourquoi les tunnels font si peur. Et pas les ponts ou les croisements. La peur du noir peut-être ?