C 'est en 1946 que Francis Chevrier démarre, avec une petite camionnette, une activité de livraison de primeurs. Basé à La Tour (74), il achète les fruits et légumes chez les producteurs et les revend aux commerçants de la vallée du Giffre et de Chamonix. Au milieu des années 1950, le Savoyard acquiert un second véhicule et étend son rayon d'action jusqu'à Lyon, puis dans la vallée du Rhône et le Midi. Il multiplie les trajets vers le Sud pour s'approvisionner en agrumes sur les marchés. « Au départ, ses camions descendaient à vide. Peu à peu, les demandes de transport, de Haute-Savoie vers Marseille et le Vaucluse, ont afflué », raconte Yvon Chevrier. La société commence à se développer et dessert désormais toute la France. Mais l'arrivée de la grande distribution à la fin des années 1960 amorce le déclin de l'activité de primeurs. Pour s'en sortir, Francis Chevrier se lance dans la messagerie et ouvre au début des années 1970 des agences à Annecy et Paris. Mais, il ne parvient pas à maîtriser ses coûts. « Il était plus commerçant que transporteur dans l'âme », souligne André Chevrier. Cette diversification malheureuse sonne le glas pour la société Chevrier. « Notre père rencontrait en plus des difficultés au niveau des réglementations de transport. En 1973, il a subi les conséquences économiques du choc pétrolier. Fin 1974, il a dû déposer le bilan », précise Yvon Chevrier.
En 1971, André et Yvon Chevrier intègrent la société de leur père, Francis. Le premier commence comme exploitant tandis que le second (mécanicien de formation) passe de l'atelier, au quai et à la conduite pour reprendre en 1973 la gestion du garage. Souhaitant pérenniser l'entreprise familiale, les deux fils reprennent, avec Jean Perret (actuel directeur administratif et financier), l'activité de transport, soit 15 salariés et une douzaine de véhicules. Le 15 avril 1975, ils fondent une société de gestion (SARL), louant le fonds de commerce qui appartient encore à leur père. « Nous lui avons racheté en 1984. Date à laquelle il a cédé son activité de primeurs qu'il avait conservée jusque là », ajoute Yvon Chevrier.
Dès leur création, les Transports Chevrier abandonnent la messagerie pour se concentrer sur le transport de lots. Et profitant de leur situation géographique, ils commencent à développer des trafics sur l'Italie. « Au départ, nous étions affrétés. Puis nous avons eu nos propres trafics. Nous allions par exemple chercher des pommes de terre dans la Somme pour les livrer en Italie », témoigne André Chevrier. L'entreprise savoyarde se lancera par la suite dans le transport vers la Grèce, avec l'ouverture du marché commun en 1993. A 3,7 MF (560 000 €) en 1975, le CA atteint 17 MF (2,59 M€) en 1985. Forts de cette croissance, les Transports Chevrier se dotent d'un nouveau bâtiment sur leur site de La Tour. « En 1995, nos locaux étaient déjà saturés. Mais il n'était plus possible de s'agrandir. Seuls des terrains agricoles, vendus à des prix exorbitants, étaient disponibles », signale Yvon Chevrier. Le transporteur se met donc en quête d'un autre lieu. C'est en mai 1997 qu'il arrête son choix sur la commune de Bonneville. En novembre 1998, la société Chevrier - qui compte alors 50 personnes et réalise un CA de 52,5 MF (8 M€) - s'installe dans ses nouveaux locaux, à proximité de l'autoroute du Mont Blanc. La même année, elle est renommée Chevrier Transports et Services et se structure en trois pôles : transport, logistique et garage.