Les groupements sont dans la course

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Avec un chiffre d'affaires en progression annuelle de 5 à 10%, le marché du colis express se met au groupement. Pour faire face à une demande croissante et solidifier les sociétés indépendantes, les professionnels du transport léger créent leurs propres structures. En s'inspirant des expériences menées par les entreprises exploitant des poids lourds ...

«Même avec un portefeuille de 300 ou 400 clients, l'activité express reste très aléatoire. Elle nous maintient dans une position de grande fragilité, explique Thierry Palem, président de la coopérative Euro Coop Express (84). « Contrairement aux trafics réalisés avec des véhicules de plus de 3,5 t - par définition, organisés - nous ne pouvons jamais prévoir le nombre de courses que nous effectuerons le lendemain ». En 1996, ces incertitudes conduisent Thierry Palem, artisan-transporteur, à se poser la question du groupement. Il contacte plusieurs confrères du Vaucluse pour leur soumettre ses projets. Trois ans plus tard, la coopérative Euro Coop Express est créée et Thierry Palem élu à la présidence. Aujourd'hui, le groupement compte 14 coopérateurs-associés, 15 véhicules légers et 2 poids lourds. Elle a réalisé en 2001, un chiffre d'affaires d'environ 1,5 million d'euros avec 200 clients, dont quatre principaux. Début 1999, le nombre de ses chargeurs se limitait à une quarantaine dont un qui générait l'essentiel de son activité. « Si nous sommes encore très souvent au volant de nos camions, nous espérons mieux gagner notre vie et consacrer davantage de temps à nos vies de famille. Une coopérative doit donc présenter à ses associés une structure solide basée sur du concret (bâtiments, terrains, hangars), mais aussi créer des relais, via des partenaires, afin de ne plus avoir à faire des milliers de kilomètres en un minimum de temps ». Une ambition de couverture nationale partagée par la plupart des groupements régionaux. En attendant, Euro Coop Express s'essaie à trouver des chantiers fixes. Plus précisément, elle souhaite développer ses trafics poids lourds afin de se constituer un fonds de commerce plus sûr et régulier que l'express. Lequel deviendrait dès lors la deuxième activité du groupement. « Compte tenu de la lenteur des prises de décisions et de freins psychologiques chez les transporteurs indépendants, cette réorientation est longue à concrétiser » constate Thierry Palem qui déplore également un important « turn over » chez les adhérents : « Depuis sa création, chaque année, cinq à six d'entre eux quittent le groupement et le même nombre le rejoint. A la moindre baisse d'activité, les professionnels se découragent et cessent définitivement d'exercer. C'est très éprouvant. Mais je reste convaincu que, dans une petite dizaine d'années maximum, cette coopérative aura trouvé ses bases et sera très performante ». Les coopérateurs d'Euro Coop Express, qui assurent eux-mêmes l'exploitation du groupement, bénéficient d'achats groupés : cartes pétrolières et d'autoroutes, téléphones portables, assurances. « Tout cela facilite la gestion et réduit les tâches administratives ».

Dans l'Ouest aussi

Créée à la fin de l'année 2000, la coopérative Transports Michel Thirant (TMT) regroupe trois coopérateurs pour vingt véhicules. Elle réalise de la distribution de colis en Eure-et-Loire et de la course express toutes distances, Europe comprise. Sa gérance est assurée pour six ans par Michel Thirant, pdg des Transports Thirant à Nogent-le-Phaye (28). En 2000, le chiffre d'affaires de la seule entreprise Thirant s'établissait à 670 775 euros. En 2001, pour l'ensemble des coopérateurs, il atteindrait 900 000 euros. « Mais il ne faut pas s'endormir sur cette progression, la coopérative est à mettre en mouvement » souligne son président. Disposée à accueillir de nouveaux adhérents - deux seraient actuellement en test -, celle-ci n'exclut pas de s'ouvrir à des pme exploitant des véhicules supérieurs à 3,5 t. « Nous n'avons pas fixé de limites quant au nombre maximal de coopérateurs. Chaque entreprise dispose d'une voix et, comme toute décision, le choix des adhérents s'effectue en commun ». Conditions d'accès : avoir exercé quelques années au moins le métier, garantir la fiabilité de l'entreprise, faire montre d'un état d'esprit de groupe. En contrepartie, « la coopérative met à disposition une secrétaire et des entrepôts, négocie des prix sur le gazole, les pneus... ce qui nous amène peu à peu à une véritable situation de pme. En mutualisant toutes ces dépenses communes, nous pouvons réduire de 5 à 7% de nos charges de structure». En tant que gérant, Michel Thirant assure lui-même le service commercial. « Lorsque le groupement décroche un nouveau client, nous organisons un tour de table général afin de savoir qui peut le prendre en charge, en fonction de sa situation géographique, de ses moyens, de la disponibilité d'un conducteur. L'objectif étant d'obtenir un même niveau de rentabilité pour chacun afin de ne pas créer de déséquilibre ». A terme, est envisagé le recrutement d'un commercial chargé de la prospection. « L'Urgent » est une marque déposée de la société Groupement de Transcoursiers de l'Ouest (GTO) basée à Morlaix (29). Mais c'est surtout une coopérative créée l'an dernier. Constituée sous forme de SARL à capital variable, elle réunit sept entreprises de transport express et colis à l'unité oeuvrant sur l'axe Paris-Caen-Bayonne. La part de chaque coopérateur dans le capital varie en fonction du nombre d'habitants de la ville dans laquelle il est installé et du potentiel économique de l'agglomération.

Une facture par client.

Au siège de GTO, à Morlaix, L'Urgent dispose d'un centre d'accueil téléphonique en propre ainsi que d'une direction commerciale et marketing. Laquelle travaille en liaison permanente avec deux commerciaux « juniors » en poste chez deux adhérents. A cette équipe est confié le soin de répondre aux appels d'offres et de soumettre des propositions tarifaires communes aux prospects. « La présence d'un service administratif et de facturation permet de n'établir qu'une seule facture par client », indique Jean-Pierre Riou, gérant de GTO. Le groupement encaisse, puis répartit les sommes entre les adhérents en fonction de leur niveau d'intervention dans la mission. « Nous entendons proposer, dans tout le grand Ouest, un maillage complet permettant de livrer avant 9 h ou à l'heure convenue le lendemain de la commande, les colis dont le poids n'excède pas 30 kg » précise Jean-Pierre Riou. « Par ailleurs, nous développons des offres sur des secteurs tels que le médical ou l'informatique, par exemple, les livraisons très tôt le matin de matériels pour les blocs opératoires ou encore la maintenance express pour des terminaux de points de ventes en panne». L'Urgent totalise un chiffre d'affaires mensuel de près de 107 000 euros. Il s'est fixé pour objectif de dépasser 1,7 million d'euros pour 2003. Chaque nouveau client représente en moyenne, entre 3 000 et 7 600 euros supplémentaires par mois.

VALLÉE DE SEINE EXPRESS
Groupés dans l'express depuis 10 ans

« Après dix ans d'existence, notre groupement remplit son objectif premier : nous permettre de travailler en direct avec nos clients sans sous-traiter certaines missions, notamment en longue distance » explique Georgina Huard, co-gérante de Vallée de Seine Express. Créé en 1992, le groupement d'intérêt économique (GIE), devenu SARL à capital variable en 1996, regroupe six adhérents et seize véhicules. Avec deux agences - Yainville (76) et Val de Rueil (27) et une équipe de 15 personnes (dont 10 roulants), la société a réalisé un chiffre d'affaires 2001 estimé à près de 580 000 euros. 70 % de son activité s'effectue à l'export. « Augmentation de la capacité de transport par la mise en commun d'un parc de véhicules, offre de prestations complètes pour la pharmacie ou l'industrie chimique, réduction des coûts, tous ces avantages font que nous pouvons intéresser de grandes entreprises telles que EDF tout en conservant une taille humaine, notamment dans les relations avec nos clients..» indique la co-gérante. Pour rester dans la course sur l'international (Espagne, Italie, Scandinavie, Autriche...), Vallée de Seine Express envisage de créer plusieurs plateformes sur le territoire national qui serviraient notamment de relais pour les conducteurs.

Georgina Huard, co-gérante de Vallée de Seine Express D.R.

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