Nexia consolide son redressement

Article réservé aux abonnés

13,75 millions d'euros (90 MF) de pertes en 2000, 4,5 millions d'euros (29,5 MF) en 2001, l'équilibre prévu en 2002. Ce sont les principales étapes du redressement engagé par le transporteur frigorifique Nexia Froid depuis qu'il a été racheté, en 2000, par ses cadres, auprès du groupe britannique Exel. Pour réussir ce challenge, l'organisation et la stratégie de l'entreprise ont été totalement repensées en 2001. Les explications de Serge-Maxime Bannier, président du directoire de Nexia.

Deux milliards de francs de chiffre d'affaires, 80 millions de francs de résultat net, en exerçant quatre métiers sous température dirigée: messagerie fine, approvisionnement des plates-formes de la grande distribution, stockage pour compte de tiers et réseau primaire pour l'e-commerce. Dans cinq ans, c'est ce que souhaite réaliser Nexia Froid, entreprise née en 2000 de la reprise du transporteur frigorifique Exel Froid par ses cadres et ses salariés. De 13,75 millions d'euros (90 MF) de perte nette, pour un chiffre d'affaires de 167,69 millions d'euros (1,1 MdF) fin 2000, Nexia est passé, fin 2001, à un déficit net de 4,5 millions d'euros (29,5 MF), pour un chiffre d'affaires de 182,94 millions d'euros (1,2 MdF). La structure du fonds de commerce n'a pas évolué. Outre 5% en affrètement et 20% en approvisionnement de plates-formes pour la grande distribution, Nexia réalise 75% de son chiffre d'affaires en «messagerie fine». Un dernier métier qui s'apparente, selon Serge-Maxime Bannier, président du directoire de Nexia, «à un service public d'approvisionnement de magasins dans la plupart des 36 000 communes françaises, avec la contrainte de réaliser cette mission dans des conditions de marché». C'est essentiellement sur ce créneau que Nexia a négocié, en 2001, des revalorisations tarifaires, que Serge-Maxime Bannier estime à 11% en moyenne. Commercialement, Exel pratiquait en effet une drôle de guerre des prix consistant pour l'essentiel à devancer les attentes de ces clients. «Nous nous sommes aperçus que les commerciaux, soucieux de fidéliser la clientèle, accordaient trop facilement des ristournes, sans tenir compte des contraintes d'exploitation. En 2001, nous avons donc imposé à certains clients d'importantes augmentations. A d'autres, nous avons demandé de nous accorder plus de volume ou bien d'accepter une réduction du nombre des tournées. Dans certains cas, là où nous passions quotidiennement, nous ne venons plus aujourd'hui que deux fois par semaine. Cela à l'air simple, mais il a fallu parfois bousculer des habitudes vieilles de dix ans. Heureusement, la plupart des clients se sont montrés compréhensifs». Cette réorganisation de l'exploitation s'est engagée dans le cadre d'un plan nommé «pro-réseau», avec à la clé l'examen détaillé de chaque tournée. Au final, c'est l'ensemble du plan de transport qui a été repensé avec la mise en oeuvre d'une nouvelle informatique d'exploitation. Et Serge-Maxime Bannier estime que Nexia est ainsi parvenu à passer de «la logique d'opérateur qui prévalait chez Exel à celle d'un prestataire de service, adaptant ses moyens à la véritable demande du marché».

Organisation repensée.

Pour mieux conforter cette consolidation, l'organisation de l'entreprise a été repensée. Sous le holding Nexia, la société Nexia Froid, dont le P-dg est Dominique Lacaïle, commercialise et réalise les prestations. Elle loue l'immobilier de ses 28 sites (dont 26 agences) auprès de Nexia Immo et les véhicules ainsi que le matériel de manutention auprès de Nexia Loc. Ces deux dernières sociétés, qui doivent simplement équilibrer leurs comptes, sont elles aussi des filiales du holding Nexia, lui-même contrôlé à 92% par France Froid Finance. 75% du capital de cette dernière société appartiennent aux membres du directoire de Nexia et 25% à Brent Investments, un « capital-risqueur » britannique. Par ailleurs, 8 % des actions de Nexia sont aux mains de 35 % des 2305 salariés du groupe, grâce à un Plan d'Epargne Entreprise. Une implication qui permet de poursuivre le redressement de l'entreprise dans les meilleures conditions, selon Serge-Maxime Bannier. Sous la présidence de ce dernier, le directoire de Nexia est complété par un conseil de surveillance dont un cabinet de chasseurs de têtes a recruté les membres. Parmi ces derniers, se trouvent un syndicaliste, deux anciens responsables d'entreprises industrielles, ainsi qu'un conseiller en organisation. Le holding Nexia détermine ainsi les objectifs de Nexia Froid et lui apporte son aide. P-dg de Nexia Froid, Dominique Lacaïle s'est pour sa part entouré, courant 2001, d'une nouvelle direction. Cette équipe opérationnelle détermine notamment les budgets dans lesquels s'inscrit l'action de six directeurs régionaux, responsable chacun de quatre à six agences Nexia Froid. Celles-ci réunissent jusqu'à une centaine de personnes, conducteurs routiers, manutentionnaires, exploitants, commerciaux et administratifs. Elles doivent notamment respecter un plan de transport déterminé au niveau national, avec la liberté de gérer les débords. Les tournées sont assurées en propre, de même que les tractions. Ces dernières ne sont sous-traitées que lorsque les trafics sont déséquilibrés. Pour améliorer la gestion des flux, un système informatique sera mis en place d'ici fin 2002 afin de tracer le parcours de chaque palette au sein du réseau. Une tâche qui est pour l'instant assurée en «manuel».

Ambitions mesurées.

Dans ces conditions, Nexia Froid espère équilibrer ses comptes financiers et d'exploitation dès la fin du premier semestre 2002. «Si nous atteignons cet objectif à la fin d'une période considérée comme la moins favorable de l'année dans notre métier, nous aurons gagné notre deuxième pari pour la fin 2002», indique Serge-Maxime Bannier. Pari planifié dès 2000 au sein du comité de direction du groupe, alors qu'en parallèle, le plan présenté aux partenaires financiers ne visait l'équilibre comptable que pour 2003. Pour réaliser ses ambitions, Nexia dispose d'une trésorerie, qui atteignait 9,76 millions d'euros (64 MF) à fin 2000, et qui serait de 15,7 millions d'euros (103 MF) à fin 2001. De quoi mieux convaincre, dès 2002, les promoteurs immobiliers auxquels Nexia souhaite s'associer pour se lancer en 2003 sur le marché de la logistique. Sous l'appellation Nexia Logistique, cette prestation figure d'ores et déjà dans la palette de produits définie par le groupe en 2001. Elle pourrait être proposée par le biais d'opérations ponctuelles de croissance externe que Serge-Maxime Bannier n'exclut pas de réaliser dès 2002. Une aventure qu'il s'est interdite en 2001. Confiant, le président du directoire sait aussi rester prudent. Avant de lancer Nexia sur de nouveaux rails, il terminera, avec le soutien de ses associés, et à l'écoute de sa clientèle, l'élaboration d'un plan stratégique. Celui-ci devrait être officialisé à l'automne 2002. Il vise, dans ses grandes lignes, à porter les futurs développements de l'entreprise vers des services à valeur ajoutée (préparation de commandes, organisation de flux), qui excluent les prestations de transport de lots complets. Il prévoit une réflexion sur le plan de transport, qui pourrait être scindé en deux parties, une dédiée à la messagerie fine, l'autre à l'approvisionnement des plates-formes de la grande distribution et de la restauration hors foyer. Il intégrera les contraintes de la pénurie de conducteurs sur le marché français. Il devrait anticiper de nouvelles demandes de la part du e-commerce, attendues sur le créneau de la température dirigée d'ici deux à trois ans. Des projets qu'Exel Froid n'a jamais su initier car l'entreprise se comportait vis-à-vis de son marché comme «un pompier, qui court de foyer en foyer pour tenter d'éteindre un incendie». A l'opposé, Nexia veut s'inscrire dans une logique d'anticipation et de réflexion. Une attitude qui prévaut déjà aujourd'hui, dans le cadre des activités internationales de l'entreprise, qui dispose d'accords de partenariat avec ses confrères Dachser (Allemagne), Italsempione (Italie) et Badosa (Espagne). Ce créneau a généré, en 2001, 5% du chiffre d'affaires de Nexia, soit deux fois plus qu'en 2000. Néanmoins, son développement est ralenti selon Serge-Maxime Bannier, « d'abord par un nécessaire cycle de préparation de nos commerciaux, que nous avons mal mesuré. Ensuite, et surtout, si l'Europe politique, monétaire, financière ou militaire peut se décréter, ce n'est pas le cas de celle du goût. Les flux internationaux existent bien sûr. Mais ce sont avant tout des trafics inter-usines, voire issus de la délocalisation de certains sites industriels, qui sont demandeurs de camions complets. Cela ne correspond ni à notre savoir-faire ni à nos ambitions. Il faudra sans doute attendre encore longtemps avant que de véritables trafics de distribution se développent au niveau européen et que nous en profitions ».

Nexia en chiffres

Spécialiste français de la distribution et du transport sous température dirigée de produits frais et surgelés, Nexia affiche un chiffre d'affaires 2001 de 182,94 millions d'euros, dont 7,6 en affrètement. Le groupe est présent en France sur 28 sites, dont 26 agences sous température dirigée. Parmi ses 2 305 salariés, figurent 70 cadres, 240 agents de maîtrise et 1 300 conducteurs routiers. Nexia annonce distribuer chaque jour 40 000 tonnes de marchandises, avec un parc de 627 porteurs et tracteurs, 320 semi-remorques bitempérature parcourant quotidiennement 270 000 km.

Les dirigeants de Nexia

Présidé par Serge-Maxime Bannier, le directoire du holding Nexia comprend également Dominique Lacaïle, directeur général opérationnel, Jean-Yves Duval, directeur des ressources humaines, Albert Mulin, directeur administratif et financier, ainsi que Eric Houdyer, directeur des systèmes. Il est donc constitué par les cinq cadres qui ont monté le plan de reprise d'Exel Froid en 2000 pour créer Nexia, dont la filiale opérationnelle Nexia Froid a Dominique Lacaïle pour P-dg. Ce dernier est entouré de Evelyne Girardin, DRH, Dominique Daugey, directeur national du réseau (responsable de l'exploitation et des six directeurs régionaux), Marie-Claude Csiha, directeur de l'administration, Antoine Dumay, directeur du contrôle de gestion, chapeautant en direct six contrôleurs de gestion régionaux, Fabrice Caron, directeur national des ventes et Hervé Roulleau, directeur de la qualité.

Événement

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15