Une décision motivée par les très mauvais résultats de cette société, qui pèseraient lourdement sur ceux de la branche messagerie de la filiale de la SNCF. En 1999, Geodis avait pourtant acquis United Carriers au prix fort, par une Offre Publique d'Achat. Le groupe français croyait alors en ses capacités à redresser les comptes déjà peu engageants de sa nouvelle filiale. Confiance qui s'est concrétisée, par l'injection, début 2001, de 30,5 millions d'euros dans United Carriers, pour financer sa restructuration. Artisan de cette opération, Alain Poinssot, alors président du groupe français, a dû quitter ses fonctions en décembre 2000. Un an plus tard, son successeur, Pierre Blayau, avoue l'incapacité de l'entreprise à assumer un choix qui fut, en 1999, présenté comme stratégique. La décision de l'actuel P-dg de Geodis est celle du médecin qui ampute le membre qu'il ne peut soigner, en espérant sauver la vie de son patient. Elle est certainement justifiée. Mais comment comprendre que, dans le même temps, Geodis assume la responsabilité de maintenir sous respiration artificielle le moribond Sernam, abandonné par la SNCF ? En fait, les intérêts nationaux prévalent sur les éventuelles stratégies européennes. D'autant plus qu'ils sont appuyés par la volonté politique de l'Etat-actionnaire. Pierre Blayau doit se soumettre à cette réalité, qui vise notamment à préserver les emplois des cheminots. Mais la France n'est pas une île. Des groupes de transport étrangers, eux aussi sous tutelle étatique, y contrôlent notamment quelques-uns des plus importants messagers. Eux aussi affrontent des difficultés financières après avoir acquis au prix fort des parts de marché. Eux aussi peuvent être tentés de jouer du scalpel, pour trancher dans le vif de leurs déficits... Français. Dans tous les cas et dans l'immédiat, ce sont des activités et des emplois privés qui sont menacés, pour préserver des postes publics. Drôle de médecine.
Editorial
