Entre l'euphorique année 2000 et la récession annoncée pour 2002, 2001 fait figure de période charnière. Même si depuis septembre le ralentissement économique se fait sentir, les transporteurs routiers de marchandises semblent être parvenus à tirer encore une fois leur épingle du jeu grâce à un bon 1er semestre. Sur les 6 premiers mois 2001, leurs volumes d'activité sont restés à des niveaux corrects. Ils ont pu profiter des revalorisations de tarifs négociées en 2000 et de la stabilisation du prix du gazole. De quoi leur permettre d'accroître leur chiffre d'affaires et d'améliorer leur rentabilité. D'autant que le remboursement partiel de la TIPP est venu regonfler certaines trésoreries.
. Le secteur n'en a pas moins continué de souffrir d'une pénurie de conducteurs et surtout de l'augmentation des charges sociales. Celle-ci s'est révélée particulièrement pénalisante à l'international où le pavillon français a perdu compétitivité et parts de marché. Seule une harmonisation sociale et fiscale européenne pourrait rétablir un certain équilibre des coûts. Or, elle est toujours en panne. La Suède et la Belgique, qui se sont succédées cette année à la présidence de l'Union européenne, n'ont pas marqué d'avancées sur ce terrain. Faute d'accord entre Parlement et Conseil des ministres, le projet de directive sur l'aménagement du temps de travail dans les transports fait l'objet d'une procédure de conciliation (dont l'issue reste incertaine). Les dossiers « chronotachygraphe électronique» et «harmonisation fiscale » restent également en suspens. Les dispositions avalisées par le Conseil des ministres européens des Transports des 6 et 7 décembre aboutiront-elles plus rapidement ? Elles concernent d'une part une proposition de directive qui rend obligatoire à partir de 2004 l'installation d'un limiteur de vitesse à bord de tous les véhicules de plus de 3,5 t de PTC (à partir de 12 t actuellement) et d'autre part l'introduction en Europe d'une «réglementation à la française » en matière de formation minimale et continue. 2001 aura au moins été l'année du nouveau Livre blanc des transports. Présenté le 12 septembre, celui-ci détaille soixante mesures pour transférer une partie du trafic routier vers le rail en reprenant l'argument avancé par les réseaux ferroviaires selon lesquels le transport routier de marchandises ne paie pas intégralement ses coûts externes. D'où l'idée de rééquilibrer fiscalement les conditions de concurrence entre ces deux modes, via notamment une augmentation des péages autoroutiers. Il s'agit de permettre aux modes les moins polluants d'absorber une partie de l'inexorable accroissement de la demande en transport attendu dans les dix ans à venir. La sécurité des infrastructures est également devenue une priorité pour la Commission, qui souhaite proposer début 2002 un cadre réglementaire visant à harmoniser les normes dans les tunnels routiers et ferroviaires. Une décision qui fait suite à la catastrophe survenue le 24 octobre dans le tunnel du Gothard, réputé être l'un des plus sûrs d'Europe. L'accident a entraîné la fermeture de ce passage transalpin où circulaient quotidiennement quelque 4 000 poids lourds. Ce qui a failli accélérer la remise en service du Mont-Blanc... Mais, à mi décembre, la date de réouverture de ce tunnel aux camions est toujours incertaine. Si les modalités restent à préciser, un principe semble acquis : celui d'une circulation à sens unique et alternée entre Mont-Blanc et Fréjus. De quoi compliquer encore les trafics franco-italiens. Côté nord, c'est l'immigration clandestine qui a encore posé problème en 2001. La Grande-Bretagne a maintenu des mesures d'accueil particulièrement attractives pour les candidats à l'asile et a continué d'infliger une amende de 200 livres par clandestin trouvé à bord d'un poids lourd. Ce n'est que début décembre 2001 que cette règle a été jugée illégale et que son application a été suspendue par la Haute Cour de justice britannique.
Les spécialistes de l'international n'ont pas été les seuls à souffrir cette année. Après la « vache folle » et le « poulet à la dioxine » en 2000, les transporteurs de la filière viande ont dû affronter début 2001 les conséquences d'une épizootie de fièvre aphteuse. Cette crise s'est montrée particulièrement rude pour les petites structures spécialisées dans l'acheminement d'animaux vivants dont l'activité a chuté de 50 à 100% en mars. Avec ou sans fièvre, cette année aura aussi vu nombre de défaillances dans le secteur du frigo (Franck Eloire, Garnier, Joncqueur, Thouars, Transports Frigorifiques du Nord...). Nexia (ex-Exel Froid), un des grands opérateurs de ce créneau, a échappé à l'hécatombe. Il était pourtant en grandes difficultés en janvier 2000 lorsqu'il a été repris par ses cadres. Loin de plonger, le groupe a réussi à réduire ses pertes de 70 MF l'année dernière à 30 MF en 2001 et espère revenir à l'équilibre en 2002.
Encore plus spectaculaire a été le redressement d'Aubry STR. Au bord de la liquidation en janvier 2001 lorsqu'elle a été rachetée par un groupe d'investisseurs emmenés par Jean Simon, cette entreprise bourguignonne est sortie du rouge 6 mois plus tard reprenant du même coup toute sa place sur le marché français du transport de marchandises volumineuses. Lequel a connu quelque ébullition en 2001 avec la naissance du réseau de PME Euro Volume mais surtout avec le rachat de United Savam par Norbert Dentressangle. Ce dernier est ainsi devenu le numéro un français et un des trois premiers européens du « volume ». L'opération représente un revirement surprenant pour un groupe qui privilégiait ces dernières années la logistique au détriment du transport. Norbert Dentressangle s'était même porté acquéreur de Stockalliance en 2000. L'affaire ne s'est pas faite et cette entreprise est toujours dans l'orbite du CDR (chargé de liquider les actifs du Crédit Lyonnais). Ce dernier a toutefois fini par céder Transalliance Participations à Philippe Michel fin 2000. Lequel a entrepris en 2001 des corrections de périmètres afin de se séparer des filiales déficitaires et de se concentrer sur son coeur d'activité : le transport routier de marchandises conditionnées en sec. Après avoir annoncé son intention de se défaire de Philippe Rey, des activités « chimie » de PCB Debeaux et de Euroroute (frigo), il s'est séparé en mai de tout le pôle ouest de Transalliance. Après avoir vendu ses filiales « grand volume » et « pulvé » en 2000, le groupe Giraud s'est, lui, défait cette année de sa branche «hydrocarbures», vendue à EB Trans. Il a parallèlement divisé en deux pôles indépendants ses activités transport et logistique.
Côté messagerie, l'année 2001 aura été marquée par de nouveaux dépôts de bilan : ceux de Liger Express, Touraille Messageries, Lesire, Griset, Viennatrans... et celui plus retentissant du groupe Grimaud. Ce dernier a été partiellement racheté par le groupe belge Ziegler à l'issue d'une procédure de redressement judiciaire qui a pénalisé, voire condamné nombre de ses sous-traitants. Avec cette acquisition puis avec les rachats de Trans Service et Chatel, Ziegler s'est risqué sur le marché de la messagerie nationale d'où il était quasiment absent. Candidat malheureux à la reprise de Grimaud, le Vendéen Joyau, un des derniers messagers français indépendants, s'est lancé cette année dans une vaste politique de développement externe en rachetant 11 entreprises depuis décembre 2000 après des années de croissance exclusivement interne. Ziegler et Joyau parviendront-ils à intégrer leurs acquisitions? Ils devront en tous cas réussir là où le Belge ABX Logistics et l'Allemand Deutsche Post, grands prédateurs des années 1999 et 2000, peinent à structurer et rentabiliser leurs emplettes françaises. Le Néerlandais TPG (ex TNT Post Group) a, lui, jeté le gant. En mai, il a cédé sa filiale messagerie XP France, en sérieuses difficultés, à Caravelle, un groupe de financiers spécialisés dans le redressement d'entreprises en difficultés qui tente de la restructurer.
.Un autre inconnu est arrivé cette année sur le marché avec la prétention de constituer rapidement un réseau : Erobaze. Se présentant comme une société d'investissement britannique, cette nébuleuse a repris entre février et mai 2001 cinq entreprises françaises - Gardon, Logistiques Services, DTR, Lang, Sometrans - dont 4 ont été liquidées au 4e trimestre après que les dirigeants d'Erobaze ont été incarcérés fin août pour escroquerie.
Le marché de la messagerie n'aura pas vu naître en 2001 le géant que promettaient les fiançailles engagées entre Geodis et La Poste. En janvier 2001, ces deux entreprises ont changé de présidents : Pierre Blayau a pris la tête de Geodis et Martin Vial celle de La Poste. Sans être officiellement rompues, les négociations entre Calberson (la filiale messagerie de Geodis) et de Geopost (holding regroupant les participations « colis et logistique ») ont été mises en sommeil. Il faut dire que les deux groupes ont eu d'autres soucis à régler. Approuvé mais pas notifié par les autorités européennes, l'accord signé en avril 2000 sur les modalités d'une entrée de Geodis dans le capital du Sernam a dû être renégocié pour aboutir à une nouvelle mouture en novembre 2001. La Poste a, elle, entrepris de restructurer son pôle monocolis. Elle a commencé à transférer, en juin, les activités de Dilipack, son service interne, vers DPD France, un réseau chèrement acquis en 2000 qu'elle a décidé, en novembre, de fermer. La disparition de Dilipack/DPD devrait satisfaire le principal concurrent de ces deux marques, Exapaq. Cet opérateur a vu un certain nombre de ses « contrats de sous-traitance » requalifiés en contrat de travail à l'issue de procédures engagées ces dernières années à la faveur du flou juridique qui entourait ce genre de relations... jusqu'au 22 juillet 2001. C'est à cette date qu'a en effet été publié au Journal Officiel le très attendu contrat-type sous-traitance signé quatre mois plus tôt. Mais la validité de ce texte a d'ores et déjà été contestée par certaines organisations professionnelles du transport léger devant le Conseil d'Etat. Celui-ci en invalidera-t-il tout ou partie comme il l'a fait fin novembre pour le décret Gayssot? Certaines des dispositions de ce texte - qui prévoit des dérogations à la loi sur la réduction du temps de travail pour les entreprises de transport routier - ont été annulées. Elles pourraient faire l'objet de nouvelles négociations dans les prochains mois entre les partenaires sociaux. Lesquels viennent à peine de clore leurs discussions sur la rémunération du travail de nuit. Un accord sur ce dossier a été signé le 9 novembre. Il majore de quelque 25% les heures travaillées entre 21 heures et 6 heures. Applicable au cours du 1er trimestre 2002, ce surcoût vient ajouter à l'inquiétude des transporteurs français à la veille du passage à l'euro et dans une conjoncture économique peu favorable. Depuis septembre, la demande se tasse et les négociations tarifaires sont à nouveau plus tendues.
Un an d'actualité du transport routier de marchandises résumé en un numéro. C'est le rendez-vous habituel de ce «Spécial Bilan» de L'Officiel des Transporteurs, avec une présentation mensuelle de l'essentiel des informations que le journal a publiées en 2001, réunies par grands thèmes : Entreprises, Profession, International et Produits/Services. Chaque mois, un événement a été retenu et remis en perspective en fonction des développements qu'il a connu pendant l'année. Un répertoire des principaux articles publiés par L'Officiel des Transporteurs et son supplément bimestriel L'Officiel des Transporteurs Magazine en 2001 conclut ce bilan. Comme chaque année, l'éditorial a été confié au Transporteur de l'Année en titre. Gilles Collyer, P-dg des Routiers Bretons a bien voulu prendre en charge cet exercice.
Bonne lecture, bonnes fêtes de fin d'année et rendez-vous le 5 janvier pour la prochaine édition de L'Officiel des Transporteurs.
> Le nombre d'entreprises de transport radiées faute de satisfaire aux conditions de capacités financières introduites fin 2000 reste indéterminé. Ceux qui n'étaient pas dans les clous se sont en effet vus accorder des délais de mise en conformité de trois mois à un an avant décision finale. D'autres ont été placées en redressement judiciaire. Seule indication : un constat provisoire présenté en avril 2001 par la direction des transports terrestres estimait que 5% des transporteurs n'offraient pas la capacité nécessaire.
> La FNTR n'a pas trouvé cette année de successeur à René Petit. Celui-ci est donc resté président de la fédération, pour deux ans de plus.
> Les effets du rachat de Renault VI par Volvo sont restés discrets en 2001. Ces marques et sociétés subsistent même si elles ont été réunies - avec Mack - sous un holding dénommé Volvo Global Trucks. Les réseaux des uns et des autres semblent appelés à continuer de cohabiter mais des fusions ont ou auront lieu côté moteurs (Volvo l'emportant sur Renault VI). Il faudra toutefois encore attendre quelques années avant que les deux marques produisent un modèle commun.
> La très attendue nouvelle cabine d'Iveco n'a pas été présentée en 2001. Baptisée Stralis, elle remplacera l'actuel modèle Eurotech/Eurostar. Elle ne sera dévoilée qu'en janvier 2002 à l'occasion du Salon de Bruxelles.
- La holding Caravelle réussira-t-elle à redresser XP France ?
- Le groupe Bolloré entrera-t-il dans le capital de Geodis ?
- Geodis réussira-t-il à sortir le Sernam du rouge ? Les fiançailles avec La Poste seront-elles encore à l'ordre du jour en 2002 ?
- Après le rachat de la Savam cette année, Norbert Dentressangle continuera-t-il à privilégier le transport routier - au détriment de la logistique - dans sa stratégie de développement ?
- Qui sera élu Transporteur de l'Année 2002 ?
- Jean Simon parviendra-t-il à confirmer le redressement d'Aubry ?
- ABX, Deutsche Post, Ziegler réussiront-ils à digérer leurs acquisitions?
- Quelles vont être les conséquences de la fermeture de DPD France ?
- Le contrat-type sous-traitance sera-t-il annulé par le Conseil d'Etat ?
- Les transporteurs obtiendront-ils de nouveaux aménagements pour l'application de la loi sur les 35 heures ?
- Quelles seront pour les entreprises les conséquences économiques de l'accord revalorisant le travail de nuit ?
- L'Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE) sera-t-elle officiellement reconnue par les pouvoirs publics comme fédération professionnelle ?
- Révision des classifications et protocole « frais de déplacement », la convention collective des transports routiers sera-t-elle rénovée ?
- Le régime des interdictions de circuler sera-t-il modifié?
- La publication des indices de coûts par spécialités facilitera-t-elle la répercussion des surcoûts sociaux et environnementaux sur les prix ?
- Combien d'entreprises auront finalement disparu avec la nouvelle capacité financière ?
- Le ministère des Transports confiera-t-il aux organisations professionnelles le soin d'organiser l'examen de capacité professionnelle ?
- Le tunnel du Mont-Blanc rouvrira-t-il aux poids lourds avant les élections présidentielles ? Quel sera le niveau de l'augmentation des péages dans ce tunnel et dans celui du Fréjus ?
- La directive européenne sur le temps de travail sera-t-elle définitivement adoptée en 2001? Quid du contrôlographe électronique et de la formation minimum obligatoire des conducteurs routiers européens ?
- L'Espagne puis le Danemark qui se succéderont en 2002 à la présidence de l'Union européenne feront-ils avancer les dossiers transport routier ?
- Le transport d'animaux vivants sera-t-il réformé, comme prévu par la Commission européenne, en mars 2002 ?
- Autologic, groupe britannique de transport d'automobiles, rachètera-t-il les 20 % de parts détenus par Renault dans la Global Automotive Logistics (repreneur de la CAT) pour porter sa participation à 60 % ?
- Les transporteurs de l'UE bénéficieront-ils d'un carburant utilitaire ?
- La SNCB finira-t-elle par filialiser ABX, sa division colis ?
- Quel poids lourd décrochera le trophée du Truck of the Year 2002?
- Quel sera le véhicule utilitaire léger élu Van of Year ?
- Le niveau des immatriculations de véhicules de plus de 5 t continuera-t-il de baisser en 2002. Quels seront les chiffres définitifs pour 2001 ?
- Volvo et Renault VI vont-ils travailler ensemble sur le développement de nouveaux moteurs ?
- Quand Iveco commercialisera-t-il sa cabine Stralis, successeur annoncé de l'Eurostar et de l'Eurotech, modèle grand routier de sa gamme ?
- A qui Volvo cédera finalement les parts qu'il détient encore dans le capital de Scania ? Volkswagen gardera-t-il le contrôle de ce dernier ?