Le marché compte 60% d'artisans. Mais ils n'opèrent qu'en national. A l'international, les sociétés sont d'une taille plus importante même si, désormais, rien n'empêche plus une pme de sortir de ses frontières d'origine si elle le souhaite.
L'existence d'une multitude d'artisans constitue un problème en terme de concurrence. Ces derniers bénéficient d'un régime fiscal de faveur. Ils acquittent l'impôt sur les bénéfices sur la base d'un forfait calculé à partir de la facturation moyenne d'un véhicule similaire au leur. Étant entendu que la base de calcul est toujours en deçà de la réalité. C'est le système dit « du modulo » qui s'applique également à la TVA. Résultat: les artisans parviennent à collecter des taxes qu'ils ne reversent qu'en partie au Trésor public.
Le gouvernement a tenté en vain d'inciter le marché à se restructurer. Le parc moyen des transporteurs est passé de 1,2 à 1,8 véhicule. Les pouvoirs publics semblent en avoir pris leur parti puisqu'ils sont favorables à l'introduction dans la directive européenne sur le temps de travail des conducteurs d'un assouplissement pour les artisans. On peut donc craindre que cette situation ne s'aggrave à l'avenir.
Les entreprises espagnoles s'y intéressent surtout dans la perspective de leurs trafics de retour. Certaines ont créé des délégations en France à cet effet. Mais elles ne souhaitent pas aller au delà. Il y a suffisamment de travail en Espagne pour ne pas avoir besoin de démarcher ailleurs.
Nous sommes le pays le plus éloigné du centre de l'Europe et nous souffrons de cette situation excentrée. Alors, parfois, nous jouons un peu avec la réglementation. Mais nous ne sommes pas les seuls. Quand ils en ont besoin, les Français procèdent ainsi. Nous le constatons fréquemment dans le sud du pays.