AZ. Deux lettres imprimées sur fond blanc à l'arrière des véhicules originaires de l'Azerbaïdjan. Cette petite république du Caucase a trouvé son indépendance dans les ruines de l'ex-empire soviétique. C'est un pays enclavé entre la mer Caspienne, la Fédération de Russie, la Géorgie, l'Arménie et la République Islamique d'Iran. Capitale Bakou. Principale ressource: le pétrole. Difficile de voir en l'Azerbaïdjan un partenaire commercial essentiel de l'Europe de l'Ouest. Pourtant, deux groupes de transport routier allemands y ont installé des filiales : Fixemer et Willi Betz. Auraient-ils découvert là-bas d'improbables gisements de trafics ? Non, sans doute. D'ailleurs, leur implantation fut justifiée, il y des années, par la gestion de flux de marchandises avec l'Iran. Elle est aujourd'hui maintenue afin de mieux exploiter un nouveau trésor. Comme de nombreux autres pays orientaux, l'Azerbaïdjan bénéficie en effet d'un quota d'autorisations de transport accordées avec beaucoup de bonne volonté par la CEMT (Conférence Européenne des Ministres des Transports), une émanation de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques) dont sont membres 40 pays y compris les Quinze de l'Union Européenne. Particularité des autorisations CEMT : elles permettent à leur titulaire de réaliser des trafics bilatéraux au sein des pays membres. Détail: ces documents seraient aisément falsifiables, rarement contrôlés. Au point qu'ils facilitent, de fait, pour leurs détenteurs, des activités intracommunautaires. Précision: l'Azerbaïdjan dispose pour 2001 de 120 de ces documents, destinés à ses transporteurs routiers. Un chiffre qui peut même être porté à 544, pourvu que les entreprises en question utilisent les poids lourds les plus récents, jugés plus «verts» ou plus «sûrs». C'est bien entendu le cas des porte-voitures Willi Betz, immatriculés en Azerbaïdjan, qui sillonnent les autoroutes françaises, chargés d'automobiles ou d'utilitaires assemblés et vendus en Europe de l'Ouest. S'ils greffent un brin d'exotisme à notre paysage routier, ces poids lourds portent aussi l'avenir du transport routier européen hors des frontières communautaires. Un exemple qu'il faut se dépêcher de suivre ?
Editorial