Si, pour les agglomérations de 50 000 à 400 000 habitants tout va bien, les autres voient leur « qualité de service varier en fonction de la charge du réseau », indique la dernière enquête d'évaluation sur la couverture géographique et le niveau de qualité du réseau GSM (Global System Mobile) en France, menée par l'Autorité de Régulation des Télécommunications (ART). Ainsi, dans les 12 premières villes françaises, « le taux d'échec et de coupure peut être multiplié par deux, voire trois, selon les heures de la journée », note l'étude avant de modérer : « s'il varie d'environ 4 %, le taux de communications réussies et de qualité correct ne descend pas en dessous de 93 % ». Le hic, c'est que ce chiffre est une moyenne et que de surcroît elle est calculée sur la base de régions couvertes. Qu'en est-il ailleurs et qui sont les oubliés de la téléphonie mobile ? Le dernier bilan remis par Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'Industrie, au Parlement apporte des éléments de réponse. Il montre qu'en métropole, 91,6 % du territoire sont couverts par au moins un des trois opérateurs (soit 99,34 % de la population) et qu'il reste 46 000 km2 à équiper sur une superficie totale de 549 252 km2, abritant 390 000 habitants. Au total, ce sont 1 480 communes et 970 cantons qui ne disposent pas d'un accès garanti à la téléphonie mobile. Par opérateur, le rapport indique en outre qu'Orange présente un taux de couverture de 99 % de la population et de 89 % du territoire, SFR 98 % et 82 %, Bouygues Telecom (qui ne communique pas sur sa couverture géographique !) affiche un taux de 98 % de la population.
Les oubliés de la téléphonie mobile GSM - présentant un taux de non-couverture géographique supérieur à 10 % - sont la Bourgogne (11 %), le Limousin (12,7 %), Midi-Pyrénées (14,7 %), Le Languedoc-Roussillon (17,9 %), Rhône-Alpes (18 %), PACA (18,3 %) et l'Auvergne (20,1 %). A l'inverse, trois régions affichent un taux de 0 de non-couverture : l'Ile-de-France, la Haute-Normandie et le Nord-Pas-de-Calais.
Accentué par un taux d'endettement sans précédent des opérateurs télécom, ce constat amène à s'interroger sur les véritables dates de commercialisation de services Internet mobile performants. Il aura fallu le flop commercial du WAP (Wireless application protocol) pour stopper net la partie de « per menteur » auxquels se livraient tour à tour les opérateurs télécom et avoir des calendriers reflétant davantage la réalité du déploiement des nouveaux protocoles et normes de communication. De l'imminence, on est ainsi passé au moyen voire long terme pour l'introduction de systèmes mobiles de troisième génération, l'UMTS (Universal Mobile Telecommunication System), et au court terme pour le GPRS (General Packet Radio Services), tous deux les réels leviers du développement de tels services.
Compte tenu en effet de la quantité d'information qui peut transiter actuellement par le GSM en un temps donné, autrement dit son débit fixé à 9,6 kbit/s, l'Internet mobile est réduit aujourd'hui à sa plus simple expression, un « sous WAP ». A côté des débits, quatre autres raisons expliquent l'attentisme observé : l'offre de services disponibles, l'ergonomie, la sécurisation des données et l'équipement de terminaux adaptés !
Mises au rang des accusés, les caractéristiques du GSM sont jugées insuffisantes pour le transfert de données et de fichiers, lentes, peu fiables et surtout inadaptées à la convergence vers les technologies Internet. C'est pourquoi, les opérateurs télécom accompagnés des constructeurs de mobiles (portable, ordinateur de bord, PC, PDA...) travaillent à la mise en oeuvre de ces nouvelles technologies pour pallier ces insuffisances. Comparativement, le GPRS portera au mieux les débits à 171 kbit/s contre 2 Mbits/s pour l'UMTS. Si elles répondent à la saturation, ces solutions creuseront encore un peu plus le fossé entre les régions car leur déploiement sera progressif !
Ces préalables posés, avant que la migration des réseaux mobiles vers le protocole Internet ouvre réellement la voie à de nouvelles formes de services fédérés ou non au sein de portails, les entreprises devront donc attendre et s'adapter au rythme des développements de l'offre des opérateurs télécom. A commencer par la norme General Packet Radio Services. Celle-ci ne constitue pas un réseau mobile à part entière, mais une couche supplémentaire rajoutée au réseau GSM. Ne nécessitant pas de licence, tous les opérateurs titulaires d'une licence GSM peuvent faire évoluer leur réseau vers le GPRS qui repose sur la transmission en mode paquet. Autrement dit permet de transporter des données en optimisant les ressources du réseau GSM. Alors que le GSM version WAP s'arrête à la consultation des pages Internet, le GPRS permet d'élargir l'offre de services. Outre l'accès à Internet (ou Intranet), à partir des mobiles traditionnels, il permet un meilleur accès aux e-mails comportant des fichiers joints. Le mobile, dans ce cas, est considéré comme un modem, et doit être associé à un ordinateur portable ou un assistant personnel. A l'attention des applications professionnelles plus particulièrement, le troisième domaine concerne le transfert de données et de sécurité. La connexion ouverte en permanence du GPRS offre à ceux qui font de la télémaintenance, de la télésurveillance et de la téléalarme, des opportunités intéressantes. Autre intérêt son mode de facturation au volume de données transmises et non plus à partir de la durée de la communication comme avec le GSM qui s'apparente à celui du réseau Transpac. Actuellement en cours de test chez les 3 opérateurs français, le GPRS devrait être opérationnel sur l'ensemble du territoire courant 2002.
Là commenceraient les premières applications de télécommunication de troisième génération sous la norme UMTS. Il sera alors possible de transmettre des images, de la vidéo, d'utiliser Internet, de voir son interlocuteur ou d'avoir accès à une multitude de services. Les premiers réseaux seront mis en place dans les zones les plus denses ; les opérateurs assurant que les professionnels devraient être les premiers à en profiter. Mais là, les réseaux restent à construire, dans tous les pays d'Europe, pour les opérateurs titulaires des licences d'exploitation. Reste en suspens la question de savoir si la croissance du marché de l'Internet mobile se fera sans rupture de qualité de service, de sécurité, interopérabilité entre terminaux, visibilité de services etc, rien n'est moins sur ! Quoi qu'il en soit la date d'un lancement commercial (prévu en 2003) se fait plus incertaine sans doute d'ici 2005.
Qu'il s'agisse de textos (chez SFR), de mini-messages (chez Orange) ou de SMS (chez Bouygues Telecom), le nombre de télé-messages ou Short Message Service ne cesse de croître. Une augmentation qui suit l'évolution mondiale puisqu'en un an, de mars 2000 à mars 2001, on est passé de 5 à 16 milliards de SMS échangés par mois, avec un triplement du rythme moyen d'utilisation. En France, sur les 5 millions de SMS sont envoyés chaque jour, 20 % sont professionnelles. Et les processus d'intégration de ce type de technologie dans le système d'information et dans l'organisation de l'entreprise se mettent progressivement en place. Si le SMS ne sera pas forcément pertinent avec l'arrivée de nouvelles normes et de plus hauts débits de communication, il pourrait bien jouer les trouble-fête dans plusieurs secteurs, las d'attendre, et dont les besoins en termes de débits ne constituent pas un frein...comme le transport routier de marchandises, le temps que les autres technologies se déploient et soient fiables.
Quand certaines régions disposent de plusieurs technologies d'accès rapide à Internet (câble, ADSL ou boucle locale radio, fibre optique) d'autres se contentent du débit autorisé par le réseau téléphonique commuté. De là à parler de « fracture numérique », formule employée lors de la dernière Assemblée des Chambres françaises de commerce et d'industrie il n'y a qu'un pas. Le pôle des privilégiés représente environ 65 % de la population et seulement 10 % du territoire ! Cette situation est un handicap pour les entreprises situées dans ces « sous » régions ou en jachère ! Aussi, dans une intervention du 9 juillet, le Premier ministre promet « à l'horizon 2005 l'accès à tous à l'Internet à haut débit à des conditions abordables ».