Entre ces deux dates fatales, plus de deux ans et demi se sont écoulés. Deux ans et demi pendant lesquels l'enquête sur la catastrophe du Mont Blanc s'est poursuivie, sans aboutir. Deux ans et demi pendant lesquels, faute d'éléments objectifs, aucune autre décision que de limiter le trafic des poids lourds n'a été prise. Deux ans et demi pendant lesquels d'autres accidents ont eu lieu, ailleurs en Europe, dans d'autres tunnels: douze morts au Tauern, en Autriche, en mai 1999; deux morts en Norvège, en juin 1999; cinq morts en Autriche, en août 2001; trois morts, puis deux autres, encore en Autriche, en août 2001. Une sinistre litanie, qui oublie les blessés, les traumatisés...
Faut-il en conclure que les tunnels sont dangereux? Sans doute. Sont-ils pour autant plus dangereux que d'autres infrastructures routières? Pas si sûr. En effet, il est relativement facile d'y canaliser, contrôler, sécuriser la circulation automobile. Ce n'est pas le cas de nombreuses routes, carrefours, bretelles d'autoroutes, ronds-points qui, par défaut de conception, par manque de crédits, par négligence et simplement par fatalité, concentrent un nombre anormalement élevé d'accidents mortels. Moins spectaculaires et médiatiques que l'horrible fournaise d'un tunnel, ces derniers alimentent simplement, mort après mort, les colonnes de faits divers des quotidiens et les statistiques de la sécurité routière. C'est ainsi qu'est banalisée la violence routière. C'est ainsi qu'est acceptée la triste règle du risque de notre civilisation automobile. A quelques rares associations près, personne ne la conteste vraiment. Surtout pas ceux qui, par nécessité politique, empruntent les commodes raccourcis transalpins du discours « anti-camions ». N'est ce pas Jean-Claude?