Ainsi l'Etat devrait céder 40 à 45 % du capital des Autoroutes du Sud de la France (ASF). Le ministre de l'Économie Laurent Fabius espère récupérer dix à quinze milliards de francs pour financer en partie son « plan de consolidation de la croissance ». Son collègue des Transports lorgne également sur cette manne qu'il verrait bien alimenter son propre projet : subventionner les investissements ferroviaires dans les Alpes grâce aux ressources procurées par la route. Un Jean-Claude Gayssot décidément bien gourmand. Il s'est déjà adjugé une grosse part du gâteau autoroutier. Dès l'an prochain, 450 millions de francs seront prélevés sur les « excédents de péages » dégagés par les concessionnaires. Des fonds qui serviront notamment « à subventionner le déficit d'exploitation de l'autoroute ferroviaire ». Laquelle n'en sera pourtant qu'au stade de l'expérimentation ! A compter de 2004, l'AREA (Société des Autoroutes Rhône-Alpes), la SFTRF (Société française du Tunnel du Fréjus) et l'ATMB (Autoroutes et du Tunnel du Mont Blanc) regroupées au sein d'un pôle multimodal en cours de constitution devront ouvrir leur bourse en grand. Dans son Livre blanc, la Commission européenne incite les États membres à augmenter les péages par le biais des coûts externes. Elle leur recommande d'utiliser les surplus pour le financement de leurs projets multimodaux. Elle favorise même le recours aux investissements privés. Des orientations certes discutables mais qui ont le mérite de la cohérence. D'amorce de privatisation en ponctions financières, les politiques français s'apprêtent, eux, à se disputer les miettes du secteur autoroutier.
Editorial