Avec plusieurs années d'expérience dans le redressement d'entreprises, Jacques Simon est pourtant loin d'être un sentimental. Il affiche au contraire un solide bon sens, se différenciant ainsi d'autres repreneurs, qui se hâtent de gommer le passé aussi vite qu'ils taillent dans les coûts à grand renfort de licenciements. Après avoir convaincu des partenaires financiers, puis des salariés inquiets, il reste à Jacques Simon, entouré d'une nouvelle équipe de direction, à rassurer définitivement les chargeurs.
Car, le nom d'Aubry reste attaché à quelques-uns des épisodes les plus tumultueux de la libéralisation du transport routier de marchandises en France.
Fondateur de l'entreprise après-guerre, Landry Aubry y avait attiré et maintenu, bon gré mal gré, la plupart de ces enfants, sans pour autant leur donner la possibilité de lui succéder. Défiant le temps, ce patriarche a aussi ignoré les principales évolutions sociales et économiques de la profession. Au point de sacrifier les considérables réserves d'un groupe dont le chiffre d'affaires atteignait le milliard de francs. Ce n'est qu'en 1998, à 83 ans, qu'il se résout à céder les rênes, à son fils Patrick. Fort de l'expérience de la création, puis de la liquidation du groupe Extrans au début des années 1990, ce dernier n'a pu que gérer le démantèlement de l'entreprise familiale. Ventes par appartements et mises en redressement judiciaire se succèdent alors. Jusqu'au point final du sauvetage in extremis de STR Aubry par Jacques Simon. Un «héritier» qui assume le nom d'Aubry, mais rien que le nom.