54 500 immatriculations de véhicules de plus de 5 t en 2001. C'est ce que prévoient, pour la France, les experts de l'Observatoire du Véhicule Industriel, organisme de prévision de la société de financement BNP Paribas Lease Group. Tout en restant à « un niveau exceptionnellement élevé », le marché enregistrerait ainsi un recul de 6% par rapport à 2000. Selon l'OVI, le ralentissement toucherait principalement les tracteurs qui, avec 26 700 immatriculations afficheraient une baisse de plus de 10% en 2001. Le reflux ne serait que de 1% pour les porteurs, avec 27 800 enregistrements dans les préfectures.
A l'appui de ce pronostic, les constructeurs-importateurs hésitent entre prudence (Renault VI envisage un Marché Toutes Marques -MTM- de 57000 véhicules en 2001) et pessimisme (54 000 immatriculations en 2001 selon Mercedes-Benz France). Les concessionnaires interrogés par l'OVI constatent que de 87 jours à fin 2000, les délais de livraison sont passés actuellement à environ 70 jours. « C'est un indicateur fort de la baisse des commandes de véhicules industriels en Europe », synthétise l'observatoire. Autre élément à prendre en compte, les constructeurs qui ont nettement profité du « buy-back » (achat avec garantie de reprise sur trois ans) depuis 1997, subissent aujourd'hui les retours de ces véhicules. « Certains d'entre-eux négocient, avec les grandes flottes principalement, un prolongement des contrats de une à deux années afin de ne pas être submergés par des véhicules d'occasion difficiles à revendre. Les investissements de renouvellement de ces parcs devraient donc être différés », ajoute l'OVI, selon lequel la loi Gayssot devrait aussi peser sur les immatriculations, par le biais des règles de capacité financière: « plusieurs Directions Régionales de l'Equipement laissent entendre qu'elles sont bien décidées à appliquer les textes. De manière assez stricte, en particulier à l'occasion de l'achat de véhicules nouveaux ».
Dans ces conditions, le marché devrait s'écrouler de 16 % au second semestre, toujours selon l'OVI. Un mauvais augure qui contraste pourtant avec la confiance exprimée par les transporteurs dans une autre enquête publiée par BNP Paribas Lease group en juin 2001. D'autant que l'activité transport reste soutenue et que les prévisionnistes tablent sur un maintien voire une baisse du prix du gazole. Et puis les résultats des six premiers mois de l'année sont plutôt positifs pour le marché du poids lourd. Le Comité des Constructeurs Français d'Automobiles (CCFA) annonce en effet que 31 920 véhicules industriels de plus de 5 t de PTC ont été enregistrés dans les préfectures depuis le début de l'année. Ce qui représente une hausse de 2,4 % par rapport à la même période de 2000.
La meilleure performance est affichée par Mercedes-Benz, qui augmente ses volumes de 10,3%. Sa pénétration s'établit à 16,9 %, contre 15,7 % au premier semestre 2000. La marque à l'étoile attribue ce résultat à une progression de 26,7% sur le marché des tracteurs: « l'Actros 2e génération s'affirme, notamment grâce aux séries spéciales Super et Super Prestige. Nous espérons 18 % de parts de marché à fin 2001 ». Sur l'ensemble de l'année 2000, Mercedes affichait une pénétration de 17,2%. Man fait 9,5 % de mieux qu'au 1er semestre 2000, avec 2024 poids lourds. Même résultat pour DAF. La société hollandaise voit sa pénétration passer de 8,5 à 8,9 % par rapport aux 1er semestre 2000. Avec 2846 immatriculations, la hausse est de 9 %. Daf impute ce résultat à la commercialisation depuis janvier dernier de sa gamme moyenne CF (de 16 à 32 t de PTC) avec une nouvelle cabine, des moteurs euro 3 et des freins à disque avant et arrière. L'offre des moins de 15 tonnes a, elle aussi, été modernisée. Les anciens FA 45 et 55 laissent la place aux LF 45 et 55. Mais ces derniers n'ont été immatriculés qu'à partir de juin. Un peu en retrait, Renault VI ne progresse que de 3,4 % avec 11656 immatriculations de plus de 5 t. Le succès des Midlum et des Kerax fait espérer au constructeur français 26 600 mises en circulation à fin 2001. Celui-ci porterait ainsi son taux de pénétration à 38 %, contre 35,9 % l'année dernière et 36,5 % au 1er semestre 2001.
Avec 2627 véhicules immatriculés ( 8,2% du marché des plus de 5t), Scania annonce un recul d'environ 9 % en volume sur le segment des plus de 15 t de PTC, le seul où il est présent. « Ce résultat est imputable à notre volonté de rentabilité. Nous nous désengageons de certaines offres par buy-back peu intéressantes. Nous payons également notre capacité à livrer rapidement. Cela explique que nos carnets de commandes aient été moins importants que ceux de nos concurrents » estime Gilles Baustert, directeur de la communication de la filiale française du constructeur. Scania affiche la même politique partout en Europe.
Selon le CCFA, Iveco affiche 3407 immatriculations à fin juin 2001, soit une baisse de 6,8% par rapport au premier semestre 2000. Iveco France retire de ses chiffres 113 Daily de 5,1 à 6 t de PTC pour retenir 3294 mises en circulation dont 2049 porteurs et 1245 tracteurs. Ses parts de marché passent ainsi de 14,6 à 13,3 % pour les premiers, de 9 à 7,7 % en ce qui concerne les seconds. Le constructeur italien paie ainsi sa volonté de résister à la guerre des prix. Il subit aussi la mauvaise image de sa gamme lourde Eurotech et Eurostar, dont les nouvelles motorisations Cursor et les évolutions châssis ne suffisent pas à convaincre le marché. Pour le second semestre, Iveco France espère néanmoins améliorer sa position. Il compte notamment sur de grosses commandes de porteurs Eurocargo, livrables au loueur Fraikin à partir de juillet/août. Cela lui permettrait de conserver sur l'année sa troisième place, perdue pour l'instant au profit de Volvo. En dépit d'une chute de 28,8 % de ses immatriculations au mois de juin, le constructeur suédois n'enregistre qu'un léger recul, moins 0,6 %, sur l'ensemble du semestre par rapport à la même période 2000. A fin juin 2001, il détient 11,5% du marché contre 11,6% sur l'ensemble de l'année 2000.
Avec 25 500 poids lourds immatriculés à la fin du mois de mai 2001, le marché français des véhicules d'occasion s'est fortement ralenti au cours du 1er semestre. Selon les concessionnaires interrogés par l'Observatoire des Véhicules industriels (OVI), la baisse est de 5 % pour les porteurs et de 12 % pour les tracteurs. « La morosité s'installe car ces résultats sont relayés par des indicateurs plutôt inquiétants » annonce l'observatoire. Et de citer : « l'augmentation des stocks, en particulier chez les constructeurs, celle des délais de vente, surtout pour les tracteurs de moins de 360 ch » et « une baisse des prix ». Alors que les immatriculations du neuf sont en constante augmentation depuis 5 ans, celles de l'occasion s'enfoncent. Ainsi, alors qu'en 1997, la France immatriculait 1,6 poids lourd d'occasion pour un neuf, elle n'en enregistre plus que 0,9 pour un en 2001. Pour expliquer ce phénomène, l'OVI avance l'augmentation des exportations vers l'Europe du Sud et de l'Est de véhicules repris auprès des grandes flottes ainsi que le développement de la location.