Les 180 premières machines devaient être livrées à raison de 8 par mois entre 2003 et 2007. Restait seulement à obtenir le feu vert de Bercy. Or, cet aval pourrait bien faire défaut. Selon le quotidien La Tribune, le ministère des Finances émettrait en effet quelques doutes quant à la pertinence de cet investissement de quelque 2,3 à 2,7 milliards de francs (13 à 15 MF la locomotive). Dans la perspective d'un ralentissement économique et compte tenu de la faible marge d'autofinancement de la SNCF, Bercy jugerait plus opportun que la compagnie ferroviaire améliore la productivité du matériel dont elle dispose déjà. C'est le 18 juillet que Laurent Fabius fera part de sa décision lors d'une réunion du comité interministériel des investissements à caractères économique et social.
Fermer ainsi les robinets marquerait un « réalisme » en rupture radicale avec l'inconscience budgétaire et l'idéalisme qui caractérisent traditionnellement les politiques des Transports, en France et en Europe. Sous prétexte d'absorber l'augmentation attendue des trafics de marchandises et de pallier l'engorgement des infrastructures, celles-ci tendent à favoriser un mode noble, le ferroviaire, à grand renfort d'investissements et de subventions. En même temps, elles pénalisent si possible le transport routier, une activité polluante, dangereuse pour la sécurité et socialement incorrecte. Laurent Fabius ira-t-il jusqu'à analyser la validité économique de ces politiques ? Il pourrait alors constater que l'absence de compétitivité du rail est moins liée à un manque de moyens qu'à des problèmes internes d'organisation et de management. Quel scoop !