Président-directeur général des Transports Caillot, Jean-Pierre Caillot a été élu Transporteur de l'Année en 1993. Depuis, l'entreprise, dont le capital est contrôlé à 100% par la famille Caillot, n'a fait que confirmer ses performances. Et, mériter la confiance de ses pairs en son potentiel de développement. De 75 MF en 1993, le chiffre d'affaires des Transports Caillot est passé à 210 MF en 2000. C'est 12 % d'augmentation par rapport à 1999. Depuis une décennie, la société voit son activité progresser de 10 à 15 % par an en moyenne, avec quelques « mauvaises années » où la croissance se situe un peu en dessous. Ces résultats lui permettent de figurer à la 136e place dans l'édition 2001 du classement des 1000 premiers transporteurs français (L'OT n° 2116). En Champagne-Ardennes, berceau des Transports Caillot, ceux-ci se classent en seconde position, derrière Walbaum, filiale de Calberson. « Avec 495 véhicules, nous sommes les premiers en terme de flotte », précise Jean-Pierre Caillot, qui anime une équipe de 430 collaborateurs.
Mais bien plus que le transport c'est la logistique qui, depuis 5 ans, « tire vers le haut » l'activité. « Nous avons enregistré dans ce domaine des croissances annuelles à trois chiffres. En 1996, notre activité logistique était trois fois moindre qu'aujourd'hui. Elle représente 50 millions de francs, soit environ un quart de notre chiffre d'affaires». A l'origine de ce développement, la loi Galland interdit à la grande distribution d'intégrer dans les prix de vente en rayon les remises arrières. « Cela a eu pour effet d'obliger les plates-formes des distributeurs à intégrer de nouveaux flux. Avant, 70 % des produits étaient livrés directement aux magasins, le reste transitait par des entrepôts. Aujourd'hui ces proportions ont été inversées », estime Didier Thouësny, directeur commercial des Transports Caillot. La pme de Reims a su profiter de cette évolution en développant son savoir-faire en matière de gestion de stock et de préparation de commandes. Des contrats ont été conclus avec plusieurs grandes enseignes comme Leclerc ou des marques comme Amora Maille.
Pour accompagner cette évolution la société a ouvert, au milieu des années 1990, trois agences dotées de surfaces d'entreposage allant de 3500 à 8500 m2. Ce fut le cas en Normandie avec le site de Bourgthéroulde (27), dans la région parisienne, à Tournan-en-Brie (77), et à Hoerdt (67), dans l'agglomération strasbourgeoise. Un site dédié a été inauguré à Bailleul (59) en 1995. Il dispose d'une surface couverte de 5000 m2 sur laquelle sont stockées des marchandises sous température dirigée. Des préparations de commandes y sont également réalisées pour le compte de United Biscuits.
Dans la périphérie de Reims, les capacités d'entreposage ont été portées à 32000 m2, répartis sur deux sites dans lesquels s'entassent pièces détachées automobiles et produits de grande consommation. De septembre à décembre, plusieurs millions de bouteilles de champagne transitent par les entrepôts. Outre les prestations purement logistiques, les Transports Caillot ont développé une activité de copacking à la demande des maisons de champagne. Disposant d'un savoir-faire limité en la matière, ils ont conclu un partenariat avec une société locale, la Sermaco.
Une nouvelle implantation est programmée pour le début 2002 à Lens (62). « Ce sera un Bourgthéroulde bis disposant de 3500 m2 de surface d'entreposage, de 30 véhicules, employant 30 conducteurs et 15 sédentaires d'ici à fin 2002 ».
L'entreprise champenoise disposera alors de 7 sites d'exploitation auxquels s'ajoutent ceux de Dôle (39) et Toul (54) servant uniquement de relais pour les chauffeurs et de points de ramassage et de distribution régionaux. Les Transports Caillot parachèveront ainsi le maillage du quart Nord-Est de la France. Ils renforceront leurs capacités dans le domaine de la logistique sur lequel ils entendent poursuivre leur croissance. Les prévisions initiales concernant cette activité pour 2001 faisaient état d'une hausse de 15 %. « Nous nous orientons plutôt vers une augmentation de 30 % grâce notamment à la consolidation de notre activité épicerie », indique Didier Thouësny. Le CA Transport pourrait quant à lui croître de 15 %. Le volume global d'activité se situerait ainsi autour de 250 MF, au lieu des 225 MF envisagés.
Le groupage-distribution est l'autre grand axe de développement. Avec 45 % du CA, celui-ci représente la première activité du transporteur. Collectées pour le compte des clients, les marchandises sont acheminées vers la plate-forme centrale de dégroupage, située dans la banlieue de Reims, au carrefour autoroutier des axes Nord-Sud et Est-Ouest. 2000 palettes y sont traitées quotidiennement. Avant de repartir vers les autres sites qui se chargent de les distribuer. 500 commandes sont livrées chaque jour, par des véhicules équipés de hayons élévateurs. 6 lignes existent. 3 autres devraient être créées pour assurer la desserte du site de Lens. De 5 à 10 poids lourds sont affectés à chacune d'elles. Seconde activité du transporteur, les lots partiels représentent 20 % de son CA. « Les chargements des expéditions sont organisés par regroupements directionnels depuis nos sites. Ils ne transitent plus par la plate-forme de Bétheny », indique Didier Thouësny. La traction entre les sites est organisée en relais. L'acheminement des lots complets, 10 % de l'activité, est confié aux chauffeurs grands routiers. Ils effectuent livraisons et enlèvement « en direct ». 70 semi-remorques en moyenne prennent en charge ce type de transport. Plus marginale, la location de véhicules, avec ou sans conducteur, représente 2 % du chiffre d'affaires. L'exploitation centrale de Bétheny « pilote » les acheminements de lots complets. Elle coordonne les activités de groupage-distribution et celles des lots partiels par l'intermédiaire d'une connexion EDI avec les différents sites. « Grâce à ce système, chaque responsable d'exploitation sait à tout moment où se trouve la totalité des camions du groupe ».
Toutes activités comprises, la société réalise la moitié de son chiffre d'affaires avec l'industrie agro-alimentaire et 10 % avec la seule clientèle du champagne. Le secteur de l'automobile représente 40 % de l'activité. « Dans le quart Nord-Est, nous prenons en charge 80 % des trafics en amont de production de Renault. C'est 20 % des flux nationaux du constructeur ». Enfin, les secteurs de l'emballages, du papier graphique et de la chimie représentent 10 % de l'activité. Cette répartition est stable depuis 4 ans. Les Transports Caillot qui ont grandi sans jamais réaliser d'opérations de croissance externe pourraient, dans les mois qui viennent, « saisir certaines opportunités » et racheter plusieurs sociétés situées dans leur périmètre d'intervention. Une petite révolution culturelle pour la pme champenoise. -
Départs, arrivées, informations pratiques, nouveaux clients, réorganisation interne... Tous les deux mois, « L'Écho des Caillot » informe les salariés de la vie de l'entreprise. Il maintient un lien entre sédentaires et chauffeurs, entre ceux de Bétheny et ceux des autres sites, parfois distants de plusieurs centaines de kilomètres. On y parle de sujets sérieux tels que la Réduction du Temps de Travail qui devrait entrer en application d'ici à quelques mois, avec le maintien de la rémunération à son niveau actuel. Et de sujets plus légers comme la collection de camions en modèles réduits de Jean-Pierre Caillot. L'autre publication du transporteur est le « Guide du Pro Caillot ». Destiné aux conducteurs, il répond à leurs questions et leur indique la conduite à tenir en cas d'accident, de litige lors des chargements/déchargements... Les grandes lignes de la réglementation applicable au transport routier de marchandises y sont rappelées. Elles sont aussi distillées au quotidien par Daniel Guillard, formateur agréé pour la Formation Initiale Minimum Obligatoire (FIMO) et la Formation Continue aux Obligations de Sécurité (FCOS) au sein de l'entreprise.
Jean-Pierre Caillot avoue « deux passions ». Le transport routier, dont il a fait son métier et le football qui, « tous les samedis », l'amène à chausser les crampons. D'ailleurs, les couleurs de l'entreprise, rouge, blanc (et un peu de noir), sont aussi celles du stade de Reims, équipe de Nationale 1, dont les Transports Caillot sont un des sponsors tandis que leur P-dg est membre du comité de direction. L'autre club fétiche de Jean-Pierre Caillot est celui dont il est le président. Il s'agit du FC Caillot, équipe « maison » qui évolue en Championnat de France Corpo. Jugé « fédérateur », le football fait partie intégrante de la culture d'entreprise. Selon Jean-Pierre Caillot, les stades sont « un vivier pour le recrutement. A Reims, 70 % de nos préparateurs de commandes jouent au foot. Ce sont souvent de jeunes joueurs. Vers 20-22 ans, ils prennent conscience qu'ils ne seront pas professionnels et, sans emploi, postulent chez nous ». Ils savent qu'ils y retrouveront d'autres adeptes du ballon rond et l'esprit d'équipe de leur sport de prédilection.