Au tout début était Claudius Caillot. Né en Auvergne, le jeune homme quitte sa région natale au début des années 60 pour s'établir plus au Nord, à Reims, où, pense-t-il, davantage d'opportunités s'offriront à lui sur le plan professionnel. Dans la capitale du Champagne, Claudius Caillot décroche son premier emploi, chauffeur routier pour le compte d'une laiterie. Il y rencontre son épouse. Quelques années plus tard, ils achètent un camion et créent les Transports Caillot. Nous sommes en 1964. Trois ans plus tôt, le couple a donné naissance à Jean-Pierre. Le premier client des Transports Caillot est une chaîne de succursalisme, Les Economiques. Le second Cotelle et Fouchet auquel le jeune patron consacre ses jours de repos. A force de travail, l'entreprise va grossir peu à peu. Au début des années 80, elle emploie une vingtaine de salariés et dispose d'une quinzaine de véhicules. Pour le compte de Henkel France qui a racheté Cotelle et Fouchet, l'entreprise gère un entrepôt de 7000 m2. Et, découvre ainsi un nouveau métier, la logistique.
Claudius Caillot l'a décidé, son fils lui succédera mais, contrairement à d'autres, il ne fera pas ses armes sur la route. Jean-Pierre part étudier aux Etats-Unis. Il en revient avec un diplôme de l'université de Colombus que complète la formation acquise à l'Ecole Supérieure de Commerce de Nantes. « A l'époque, tous mes camarades de promotion me prenaient pour un fou de vouloir intégrer une pme, qui plus est dans le transport, alors que c'était la mode des grands groupes internationaux et que l'on parlait si peu de logistique », se souvient-il. Ce qui ne l'empêchera pas d'intégrer l'entreprise familiale, dès ses études achevées, en 1984. A la même époque, une nouvelle politique est décidée. Elle consiste à spécialiser la société dans des métiers et des activités. Ces métiers, ce sont notamment ceux de la distribution que les Transports Caillot réalisent déjà au profit de Henkel. Le marché des grandes surfaces prospère. De grandes marques comme Vico, Danone ou Saupiquet choisissent le transporteur de Reims pour assurer l'acheminement de leurs produits dans l'Est.
« Le transport n'est plus suffisant pour être reconnu sur son secteur. Il devient primordial d'intégrer des activités logistiques et d'investir dans des surfaces importantes. Il est également nécessaire de se rapprocher des points de livraison ». Sur la base de ce constat, les Transports Caillot entreprennent le maillage de leur zone de desserte. Des sites sont ouverts à Nancy, Strasbourg, Dôle, Paris et Rouen. Des moyens de stockage des marchandises et de préparation des commandes y sont implantés. Au début des années 90, le transporteur champenois va diversifier sa clientèle. « Il était commun à cette période d'entendre que lorsqu'on sait livrer des grandes surfaces, on peut tout faire. Pour cette raison, en 1992, l'expérience de Caillot va intéresser Renault et un véritable partenariat va naître entre les deux sociétés. Le constructeur nous confiant la collecte de ses flux de détail dans l'Est et l'approvisionnement de ses usines ».
D'autres entreprises du secteur de l'automobile suivront. Elles contribueront pour une large part au développement de la pme champenoise. Ce développement retient l'attention de la profession qui, en 1993, décerne le titre de Transporteur de l'Année à Jean-Pierre Caillot. « Une récompense pour tous les salariés » et un formidable encouragement à poursuivre les efforts entrepris. En 1997, la loi Galland modifie les conditions d'approvisionnement des grandes surfaces. La société de Reims devient plate-forme pour deux entrepôts de Leclerc. La gestion de stocks et la préparation de commandes garantissent une forte croissance de la logistique. En trois ans, sa part dans le volume d'activité va être multipliée par trois. Elle représente aujourd'hui 25 % des 210 MF de CA du transporteur.