Dominique Rain, président de la Commission route de l'AUTF

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D'abord et avant tout acteur dans le transport de produits pétroliers et chimiques, Dominique Rain est l'un des artisans de l'évolution économique, réglementaire et technique du transport de matières dangereuses. Mais son influence dépasse largement le seul cadre de ce secteur et ses prises de position, qui s'appuient sur le respect et la responsabilité, donnent parfois du baume au coeur à l'ensemble des transporteurs.
COÛTS ET PRIX DU TRANSPORT Les prix du transport ne se décrètent pas

OTM : En 2000, les transporteurs ont subi de plein fouet une hausse des coûts sociaux et une envolée des prix du gazole. Est-ce que ces évolutions ont entaché les relations chargeurs-transporteurs ?

D. Rain : L'année 2000 a été éprouvante. Mais elle l'a été davantage pour les nerfs que pour les bilans. C'est surtout la trésorerie des entreprises de transport qui a provisoirement souffert. Mais la plupart des chargeurs ont accepté des hausses tarifaires, marché oblige.

OTM : Le renchérissement des prix du transport vous a t-il posé un problème de conscience ?

D. Rain : Les augmentations incessantes de coûts, qui ne peuvent s'accompagner de gains de productivité, doivent naturellement se répercuter sur l'aval. Depuis plusieurs mois, les chargeurs n'ont émis aucune critique ou remarque à l'égard des hausses de tarifs constatées. Ils n'achètent pas un prix. Ils cherchent simplement à faire en sorte que les entreprises qu'ils représentent soient meilleures que leurs concurrentes.

OTM : Pensez-vous que cette hausse va se poursuivre ?

D. Rain : Depuis le début de l'année, compte tenu notamment de la stabilisation des coûts du gazole, aucune demande forte n'a été constatée, sauf peut-être en messagerie où les acteurs tentent un rattrapage de la dégringolade des prix de la décennie précédente. Ce qui m'amène à constater que le dialogue entre les transporteurs et les chargeurs est mature. Certes, chacun cherche à défendre au mieux ses intérêts. Mais la recherche du meilleur équilibre est constant. Ce qui prouve bien que les prix ne se décrètent pas.

OTM : Il existe encore pourtant des risques de dérapage des coûts, avec la mise en place prochaine des rémunérations du travail de nuit.

D. Rain : Il faut attendre de voir le contenu de l'accord avant de porter un jugement définitif. Mais si ces nouvelles règles poseront des problèmes de coût, la réponse à apporter portera surtout au niveau des organisations. Il nous faudra revoir les tournées, pour les optimiser. C'est un dialogue à bâtir avec le transporteur.

OTM : Pensez-vous que cette hausse des prix du transport soit une source d'inflation ?

D. Rain : Les conséquences macro-économiques de ces hausses de transport restent pour l'instant difficile à évaluer. Tout dépend des secteurs. Dans les matériaux de construction, où le prix de base des produits est faible, c'est incontestablement un facteur d'inflation.

OTM : Pensez-vous que le pavillon français sortira affaibli de ces hausses de coûts, notamment celles qui sont dues au renchérissement du coût de la main d'oeuvre ?

D. Rain : Je crois qu'il faut d'abord partir du constat que, pendant longtemps, le pavillon français a été surcompétitif par rapport à ses principaux concurrents, que sont notamment les allemands et les italiens. Il est vrai qu'il a perdu en compétitivité au cours des derniers mois. Mais il ne s'agit que d'un léger rattrapage. Le pavillon français garde et gardera encore une place majeure en Europe.

MATIERES DANGEREUSES La nouvelle ADR ne change rien

OTM : L'ADR (NDLR: réglementation internatioonale du transport de matières dangereuses), nouvelle version, est récemment entrée en application en France. Quelles changements apporte t-elle ?

D. Rain : Rien. L'ADR a été créée dans les années cinquante. Elle a du subir plus de 20 révisions depuis. L'ensemble des textes devenait illisible. La nouvelle ADR a cherché une présentation plus intelligente et a privilégié l'approche intermodale. Mais sur le fond, le contenu de la réglementation n'a pas changé.

OTM : La plupart des entreprises disposent maintenant de leurs conseillers à la sécurité. Quel bilan tirez-vous de la mise en place de cette nouvelle fonction ?

D. Rain : Le CIFMD, comité interprofessionnel de formation en matières dangereuses, a largement rempli sa mission. Depuis maintenant trois ans, il a organisé de nombreuses sessions d'examen. Les premières sessions ont été un peu sélectives. Mais la montée en puissance des préparations à l'examen ont permis un taux de réussite satisfaisant, supérieur à 60%. Plus de 5000 conseillers à la sécurité sont désormais en place dans les entreprises ou peuvent exercer leur fonction en tant qu'indépendants.

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