OTM : En 2000, les transporteurs ont subi de plein fouet une hausse des coûts sociaux et une envolée des prix du gazole. Est-ce que ces évolutions ont entaché les relations chargeurs-transporteurs ?
D. Rain : L'année 2000 a été éprouvante. Mais elle l'a été davantage pour les nerfs que pour les bilans. C'est surtout la trésorerie des entreprises de transport qui a provisoirement souffert. Mais la plupart des chargeurs ont accepté des hausses tarifaires, marché oblige.
OTM : Le renchérissement des prix du transport vous a t-il posé un problème de conscience ?
D. Rain : Les augmentations incessantes de coûts, qui ne peuvent s'accompagner de gains de productivité, doivent naturellement se répercuter sur l'aval. Depuis plusieurs mois, les chargeurs n'ont émis aucune critique ou remarque à l'égard des hausses de tarifs constatées. Ils n'achètent pas un prix. Ils cherchent simplement à faire en sorte que les entreprises qu'ils représentent soient meilleures que leurs concurrentes.
OTM : Pensez-vous que cette hausse va se poursuivre ?
D. Rain : Depuis le début de l'année, compte tenu notamment de la stabilisation des coûts du gazole, aucune demande forte n'a été constatée, sauf peut-être en messagerie où les acteurs tentent un rattrapage de la dégringolade des prix de la décennie précédente. Ce qui m'amène à constater que le dialogue entre les transporteurs et les chargeurs est mature. Certes, chacun cherche à défendre au mieux ses intérêts. Mais la recherche du meilleur équilibre est constant. Ce qui prouve bien que les prix ne se décrètent pas.
OTM : Il existe encore pourtant des risques de dérapage des coûts, avec la mise en place prochaine des rémunérations du travail de nuit.
D. Rain : Il faut attendre de voir le contenu de l'accord avant de porter un jugement définitif. Mais si ces nouvelles règles poseront des problèmes de coût, la réponse à apporter portera surtout au niveau des organisations. Il nous faudra revoir les tournées, pour les optimiser. C'est un dialogue à bâtir avec le transporteur.
OTM : Pensez-vous que cette hausse des prix du transport soit une source d'inflation ?
D. Rain : Les conséquences macro-économiques de ces hausses de transport restent pour l'instant difficile à évaluer. Tout dépend des secteurs. Dans les matériaux de construction, où le prix de base des produits est faible, c'est incontestablement un facteur d'inflation.
OTM : Pensez-vous que le pavillon français sortira affaibli de ces hausses de coûts, notamment celles qui sont dues au renchérissement du coût de la main d'oeuvre ?
D. Rain : Je crois qu'il faut d'abord partir du constat que, pendant longtemps, le pavillon français a été surcompétitif par rapport à ses principaux concurrents, que sont notamment les allemands et les italiens. Il est vrai qu'il a perdu en compétitivité au cours des derniers mois. Mais il ne s'agit que d'un léger rattrapage. Le pavillon français garde et gardera encore une place majeure en Europe.
OTM : L'ADR (NDLR: réglementation internatioonale du transport de matières dangereuses), nouvelle version, est récemment entrée en application en France. Quelles changements apporte t-elle ?
D. Rain : Rien. L'ADR a été créée dans les années cinquante. Elle a du subir plus de 20 révisions depuis. L'ensemble des textes devenait illisible. La nouvelle ADR a cherché une présentation plus intelligente et a privilégié l'approche intermodale. Mais sur le fond, le contenu de la réglementation n'a pas changé.
OTM : La plupart des entreprises disposent maintenant de leurs conseillers à la sécurité. Quel bilan tirez-vous de la mise en place de cette nouvelle fonction ?
D. Rain : Le CIFMD, comité interprofessionnel de formation en matières dangereuses, a largement rempli sa mission. Depuis maintenant trois ans, il a organisé de nombreuses sessions d'examen. Les premières sessions ont été un peu sélectives. Mais la montée en puissance des préparations à l'examen ont permis un taux de réussite satisfaisant, supérieur à 60%. Plus de 5000 conseillers à la sécurité sont désormais en place dans les entreprises ou peuvent exercer leur fonction en tant qu'indépendants.