Si celle-ci échouait, c'est tout l'édifice péniblement érigé par les partenaires européens qui s'écroulerait. Et qui risquerait de renvoyer aux calendes grecques la mise en place d'une politique sociale commune. Dans ce scénario « catastrophe », les salariés de l'Union européenne et leurs employeurs auraient - n'en déplaise aux parlementaires de Strasbourg - beaucoup à perdre et bien peu à gagner. Sans anticiper cette hypothèse la plus extrême, le laborieux cheminement de l'accord politique, scellé en décembre dernier sous présidence hexagonale, traduit la difficulté à exporter l'exemple français par delà les frontières. Un modèle qui subit, lui aussi, des ratés. En témoignent les actuelles négociations sur le travail de nuit. Les partenaires sociaux les ont engagées depuis novembre 2000. Au terme de successives avancées, conséquentes pour les entreprises au plan financier, un ultime projet d'accord était soumis aux syndicat de salariés le 25 avril. A la date du 15 juin, échéance fixée par l'Union des fédérations de transport, aucune organisation syndicale n'avait accepté de le parapher. Au risque, là aussi, d'une remise en cause de l'ensemble des dispositions négociées. Conducteurs lésés, employeurs en porte à faux vis-à-vis de la récente législation sur le travail nocturne, le maintien d'une telle position ne manquerait pas de pénaliser l'ensemble de la profession. Soumises tout à la fois aux pesanteurs de la machine communautaire et aux lenteurs du dialogue paritaire, les entreprises ont-elles encore les moyens d'une politique sociale ?
Editorial