60 milliards de t.km. C'est le trafic de marchandises qu'ambitionne de réaliser en 2002 la SNCF, après avoir relancé cette activité. Un objectif de croissance de 20 % en deux ans, annoncé début juin. Mieux, d'ici 2010, les volumes transportés par Fret SNCF sont supposés doubler, pour atteindre 100 milliards de tonnes.kilomètres. Pour y parvenir, l'opérateur va investir dans l'achat de nouvelles locomotives, près de 600 en tout, dont la plupart seront livrées à partir de 2003. Il compte également améliorer sa qualité de service. Déjà dénoncée par les rares transporteurs routiers qui s'aventurent sur le terrain du combiné rail-route, celle-ci est de plus en plus sérieusement remise en cause par les chargeurs encore fidèles à l'opérateur ferroviaire. Les défaillances de la SNCF ne tiennent pas seulement aux grèves larvées, elles reposent aussi sur des choix d'exploitation privilégiant systématiquement les voyageurs au détriment du fret. Et pour cause puisque le réseau ferré n'est plus en mesure, depuis longtemps, d'absorber les ambitions de trafic de l'entreprise publique. Française, la question de l'avenir du transport ferroviaire de marchandises est aussi européenne. Alors que les avions ou les poids lourds transitent librement au sein de l'Union européenne, les trains s'arrêtent encore trop souvent aux frontières, pour des raisons techniques ou administratives spécifiques. Quand ils ne sont pas purement et simplement bloqués, faute de voies ferrées. Le transport combiné lui-même, pourtant présenté comme une panacée européenne, enregistre en 1999 une baisse de 5,5% de ses volumes, d'après l'Union Internationale du Rail-Route. Comment oser parler, dans ces conditions, de développement, alors qu'il ne s'agit plus que de survie, sous perfusion politique et fiscale ?
Editorial