« Aujourd'hui, le déséquilibre de l'offre et de la demande est tel que l'augmentation des prix est inévitable. Les transporteurs ont la main. C'est le moment ou jamais d'en profiter », a lancé Patrick Lahaye, P-dg des Transports Lahaye (35) devant une centaine de ses confrères réunis le 21 juin pour la journée professionnelle organisée par TLF Ouest. « En 1999, le PIB a augmenté de 2,9 % et la demande de transport par route a enregistré une croissance de 8 %. En 2000, la tendance devrait se confirmer avec une hausse de 3 % du PIB attendue. Or parallèlement, sur les trois, quatre premiers mois de l'année, les créations d'entreprises de transport sont en diminution sensible (-38 %) et les défaillances augmentent (3,5 %) », confirme Michel Hirou, directeur du CNR. Développement de la demande, réduction de l'offre, les conditions semblent réunies pour favoriser une hausse des prix. D'autant que d'autres phénomènes encouragent les clients à prêter une oreille un peu plus compréhensive à leurs prestataires transport. « Dans la messagerie, les multiples rachats opérés par de grands groupes, comme Deutsche Post, ont abouti à une concentration qui n'est pas sans inquiéter les chargeurs », note Jacques Godet, P-dg des Transports Joyau (82).
Ne pas profiter de cette conjoncture propice pour augmenter les tarifs serait, aujourd'hui, suicidaire pour la profession. « Si une revalorisation n'intervient pas immédiatement, la dérive des coûts va se répercuter douloureusement sur les comptes de résultats des entreprises. Ceux-ci ont supporté en 1999 une hausse de 8,8 % du prix carburant qui atteindra 19 % en 2000, même si le gazole reste à son niveau actuel », explique le directeur du CNR. A cela s'ajoute l'incidence de la mise en place de la réduction du temps de travail difficile à mesurer précisément. Elle va de « 7,5 % à 20 % » en fonction des entreprises. « Pour justifier une augmentation des tarifs, il est de toutes façons plus judicieux de s'appuyer sur un ensemble d'indices que de détailler les coûts », conseille Michel Hirou. Une base de négociation d'autant plus pertinente qu'il ne s'agit pas seulement pour la profession de répercuter des coûts, mais aussi de revaloriser des prestations largement sous-estimées. « Nous fournissons actuellement un ensemble de services gratuits comme la gestion de palettes, des présentations multiples des livraisons aux clients... », explique Jacques Godet qui a proposé fin mai à ses clients une augmentation de 5,5 % des tarifs. Patrick Lahaye a opté pour une autre stratégie : « Nous revoyons chaque type de flux et son évolution. Ce qui nous a permis de détecter quelques aberrations avec des trafics complètement sous-tarifés parce que les flux sont complètement déséquilibrés ou encore parce qu'ils génèrent des frais supplémentaires : lavages, matériels frigorifiques multi-cloisons... C'est ainsi que nous avons demandé une revalorisation de 15 % voire 20 % à certains de nos clients. »