De nouvelles aides pour les transporteurs ?

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Au regard de l'échec de la politique d'incitation au regroupement d'entreprises de transport, les aides de l'Etat ne devraient pas être reconduites en 2001. En revanche, un dispositif d'accompagnement pourrait être mis en place afin d'aider les sociétés à se structurer. Une convention signée avec les organisations professionnelles devrait entériner cette décision. C'est ce que le président d'Unicooptrans, Jean-Claude Bouchet, a annoncé lors du 36e congrès tenu à Cavaillon le 16 juin dernier. Lequel s'est également érigé contre la suspicion dont témoignent certaines administrations à l'égard des groupements.

«Les transporteurs ne doivent pas se regrouper par idéologie, mais considérer le groupement comme un moyen économique de réussir une véritable stratégie d'entreprise. Or, le nombre de groupements créés est insuffisant, malgré le travail mené par Unicooptrans », observait le président Jean-Claude Bouchet, lors du 36e congrès de la Fédération nationale des coopératives et groupements d'entreprises du transport tenu à Cavaillon le 16 juin. Les incitations financières de l'Etat n'ont pas favorisé la création de telles structures. « Les règles d'attribution étaient trop strictes », a reconnu le ministre des transports Jean-Claude Gayssot qui était accompagné d'Elisabeth Guigou, Garde des Sceaux et conseiller régional de la région Provence Alpes Côte d'Azur. « Il faut travailler avec les différents partenaires pour redéfinir les règles et revoir le système sur un plan interministériel ». Une réflexion serait actuellement menée en ce sens. Pour Jean-Claude Bouchet, l'échec du dispositif gouvernemental aura malgré tout contribué à une prise de conscience. « La Direction des Transports Terrestres et l'ensemble des organisations professionnelles s'accordent à reconnaître qu'il faut accompagner les entrepreneurs dans leurs efforts de progrès ». A ce titre, il dévoilait un projet de convention visant à aider les sociétés de transport routier - y compris les groupements d'entreprises - à se structurer. Un protocole d'accord devrait être signé « après l'été » avec le ministère des Transports par l'Unostra, TLF (Fédération des entreprises de transport et logistique de France), la FNTR (Fédération nationale des transports routiers). Un dispositif encore en gestation si l'on en croit Christian Rose, secrétaire national de l'Unostra : « Nous n'en sommes qu'au stade de la réflexion. Il faut fixer les priorités et concevoir l'articulation générale de la convention ». L'Etat débloquerait des crédits - dont le montant n'a pas été communiqué - afin de favoriser le recours au conseil, d'aider au rapprochement de sociétés, de développer la formation. Pour leur part, les trois fédérations de transporteurs s'engageraient à promouvoir le projet auprès de leurs adhérents et à mettre l'accent sur les restructurations d'entreprises nécessaires. Unicooptrans, qui soutient cette démarche, y apporterait sa contribution en prenant en charge le volet consacré aux rapprochements d'entreprises. Elle suggère également de créer un fonds - alimenté par l'Etat et géré par les organismes de formation - afin d'inciter les salariés sédentaires qui le souhaitent à se tourner vers les métiers de la conduite.

Des réseaux de correspondants pour le combiné. Autre proposition de Jean-Claude Bouchet : participer au développement du transport combiné par le biais d'une rationalisation des moyens offerts par les entreprises, notamment au plan du groupage de marchandises, et l'organisation de réseaux de correspondants. Il a néanmoins pointé les faiblesses du réseau ferré national et les manquements en terme de fiabilité. Pour preuve, les chiffres du secteur en baisse de 3 %. Il rappelait que les transporteurs routiers n'étaient pas hostiles à ce mode d'acheminement. « Nous sommes favorables au transport combiné. Mais comment peut-on l'utiliser lorsque nous sommes tributaires de la qualité de service d'un seul fournisseur ? Nous demandons simplement que l'Etat mette en oeuvre les moyens nécessaires afin de réaliser la parfaite adéquation entre son discours et la réalité ». D'où la requête adressée à Jean-Claude Gayssot: « faites en sorte que nous ayons une offre ferroviaire adéquate à vos ambitions et à nos souhaits ». A cette condition, le recours à la technique combinée pourrait contribuer à améliorer la rentabilité les entreprises. « En 1999, la croissance économique de la France a progressé de 2,7 %. La part du transport routier de marchandises a augmenté de 5,5 %. Cette situation pourrait paraître idyllique si ce n'est que la plupart des entreprises de transport sont en état de dépendance vis-à-vis de confrères ou de chargeurs ».

Une « misère » sur le gazole. S'il notait avec satisfaction que les transporteurs avaient, en 1999, réussi à accroître leurs tarifs de quelques points, il dénonçait la flambée « exorbitante et sans préavis » des coûts de revient, imputable à l'augmentation des autoroutes et du gazole (+26%). « Que pouvons-nous faire ? En France nous sommes toujours plus rapides à augmenter le prix du pétrole qu'à répercuter ses baisses », fulminait-il. « Depuis le début de l'année, nous bénéficions du remboursement partiel de la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) sur le gazole. C'est une misère par rapport à nos coûts de revient. La ristourne représente 0,23 % du coût total d'un véhicule longue distance, alors que la TIPP sur les carburants représente plus de 70 % du prix du pétrole ». Une nouvelle occasion pour réclamer l'instauration et la reconnaissance d'un carburant professionnel. Si les transporteurs peuvent se targuer de tirer profit de la croissance économique, ils se heurtent au problème du recrutement de chauffeurs. Avec l'application des 35 heures, Jean-Claude Bouchet soulignait le risque de voir se développer le travail au noir et le transport clandestin. « Dans ce contexte, verrons-nous des filiales de groupes de transport français employer des conducteurs étrangers ? », s'interrogeait-il. Réponse dilatoire du ministre des Transports : « Le directeur des Transports terrestres a donné des consignes très strictes afin de contrôler les chauffeurs étrangers et sanctionner toute tentative de concurrence déloyale ».

Suspicion

Rappelant le rôle d'ingénierie et d'information de la Fédération qu'il préside, Jean-Claude Bouchet s'est érigé contre l'attitude de certaines administrations qui chercheraient à démontrer l'existence de liens de subordination dans l'exécution des prestations de travail entre coopérateurs et coopérative. Présence qui déboucherait sur des délits de faux travail indépendant et de marchandage. Un dossier de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), venue enquêter au sein de la Flèche Cavaillonnaise, est actuellement entre les mains du procureur de la République du Vaucluse. Lequel a ouvert une enquête préliminaire. « Il faut nous dire si Unicooptrans est une machine à détourner la loi ou si, au contraire, nous oeuvrons réellement pour les petites entreprises de transport. Car nous avons autre chose à faire que de passer notre temps à nous défendre de soupçons non fondés », assénait Jean-Claude Bouchet, président de la coopérative cavaillonnaise. « La suspicion est grande pour l'administration de voir dans les groupements un moyen de transformer les salariés en patrons indépendants », regrettait-il. « Je ne permettrais pas qu'on porte atteinte à notre honneur. Comment pourrions-nous conserver notre crédibilité si nous continuons à être suspectés de tels faits ? De telles insinuations pourraient mettre en péril le travail d'Unicooptrans ».

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