58 cadavres ont été découverts le 19 juin, misérablement entassés au fond d'un conteneur frigorifique, derrière quelques cageots de tomates hollandaises, dans un port britannique. La caisse était chargée sur un poids lourd batave, conduit par un sujet de sa Gracieuse Majesté. Les clandestins, originaires d'extrême-Orient, sont morts étouffés, au terme d'un voyage qui aurait été organisé par la mafia chinoise. De nombreux morts, plusieurs acteurs d'origine diverses, la dimension internationale, voire mondiale: tous les ingrédients du succès médiatique étaient réunis. Et cela a fonctionné. Excitée par le sang et par la pression d'autorités britanniques soucieuses de valoriser le travail de leurs douaniers, la télévision s'est emparée du sujet. Le «camion de la mort» a fait pleurer dans les chaumières. L'immigration clandestine est brutalement devenue un sujet brûlant. Pour quelques jours. En attendant les départs en vacances de début juillet. A la même date, la France prendra la présidence d'une Union européenne défaillante, construite trop vite, en laissant derrière elle de trop nombreux vides juridiques. En matière d'immigration, ceux-ci prennent aujourd'hui une horrible dimension. En matière de transports routiers de marchandises, l'absence chronique d'harmonisation fiscale et sociale produit de nombreux dérèglements économiques, générateurs d'abus sociaux. Aujourd'hui, l'union monétaire européenne risque la faillite. La France se donnera-t-elle les moyens de corriger ces mauvaises trajectoires? Côté Transports, le communiste Jean-Claude Gayssot ne semble pas en prendre le chemin. Ses récentes déclarations démontrent que ses principaux soucis, outre la mairie de Béziers qu'il brigue pour 2001, restent ferroviaires et sécuritaires.
Editorial
