La Poste vient d'annoncer officiellement sa prise de contrôle du réseau monocolis DPD France. L'opération a été autorisée par le conseil d'administration du groupe public le 30 mai dernier après avoir reçu l'aval des administrations de tutelle.
Un protocole d'accord avait été signé mi-février au terme de plus d'un an de négociation entre La Poste et les fondateurs-actionnaires de DPD France : Dubois (groupe ABX Logistics/SNCB), Gautier, Heppner, Logistrans, Régis Martelet et Rochais Bonnet (groupe Ziegler). Le « montage » finalement retenu passe par la constitution d'une société de gestion de la franchise DPD en France dont la Société Holding des Filiales Colis et Logistique de La Poste détient 67 %. Le solde du capital se répartit entre les fondateurs de DPD France au prorata de leurs participations antérieures - soit 9,9 % pour Dubois et Heppner et 3,3 % pour les quatre autres -. Ceux-ci restent partenaires du réseau dont ils peuvent « continuer à commercialiser le produit dans le cadre de leur offre globale », précise Jean Schmitt, président de DPD France et P-dg d'Heppner. Un point qui constituait une des conditions sine qua non de la cession de la franchise. Lors des négociations, les vendeurs se sont également attachés à ce que les investissements réalisés (mais « pas encore rentabilisés ») comme les parts de marché obtenues par DPD France depuis sa création il y a 5 ans soient « convenablement reconnus », explique Jean Schmitt. Ce dernier reste président de DPD France, une façon de « faire le lien entre les deux cultures », tandis qu'est nommé à la direction générale Yves Levrey, directeur national de Dilipack. Cette division monocolis de La Poste rejoint le réseau DPD. Pour l'instant, elle conserve son identité et reste une entité distincte même s'il est prévu de faire jouer « les synergies d'exploitation pour que les deux services bénéficient d'un meilleur coefficient de remplissage », précise Bertrand de Mascarel, patron de la branche colis du groupe public.
La prise de contrôle de DPD France permet à La Poste d'afficher un chiffre d'affaires annuel cumulé de 1,1 milliard de francs sur le marché français du monocolis dont elle estime être le numéro un avec 15 % des parts. Le réseau de franchise réalise 280 MF de CA pour un résultat « pas encore tout à fait à l'équilibre en 1999 mais qui devrait l'être en 2000 », selon Bertrand de Mascarel. Dilipack, dont le CA atteindrait 817 MF (faute d'être une société indépendante, ses comptes ne sont pas transparents) et son résultat serait « à l'équilibre ».
Ce qui a amené La Poste à reprendre DPD France ne relève de toutes façons pas de considérations financières mais d'une stratégie européenne. Bien qu'elle détenait, depuis 1999, 46,4 % du capital de DPD Gmbh - le réseau allemand franchiseur de la marque DPD en Europe -, elle ne pouvait juridiquement en être le correspondant français. DPD France détenant un accord d'exclusivité conclu en 1995 pour une durée de 10 ans. Seul moyen de lever cet obstacle : le racheter. Or, justement, les actionnaires de DPD France étaient ouverts à la négociation : « Nous nous sommes aperçus que la vitesse sur laquelle nous nous étions calés en 1995 lors de la création du réseau ne correspondait plus à l'évolution du marché avec le très fort potentiel de développement du monocolis qu'apporte la naissance de la nouvelle logistique d'une part et l'entrée des entreprises postales européennes dans le jeu d'autre part », explique Jean Schmitt.
Désormais adossé à La Poste française en Allemagne et en France, DPD GmbH ambitionne de « doubler sa part de marché en Europe pour la porter à 20 %. Ce qui signifie doubler la quantité de colis transportés en étendant notre système en Europe du sud et en complétant notre offre, grâce notamment au savoir-faire de La Poste, avec des produits comme l'express », déclare Peter Hoffman, président de DPD GmbH. Présent dans 18 pays, le réseau a acheminé 290 millions de colis en 1999 et affiche un chiffre d'affaires annuel de 7 milliards de francs dont 5,1 milliards de francs réalisés en Allemagne.