Accusés d'atteinte à la liberté de travail, les grévistes, représentés notamment par Force Ouvrière (FO), ont été assignés devant le bureau de conciliation des Prud'hommes de Calais. Après l'échec de la réunion avec la direction de TND Nord le 4 avril, le jugement de l'affaire a été reporté au 27 juin.
« Nous avons engagé cette action pour frapper les esprits et faire prendre conscience des importantes conséquences d'une grève de trois semaines », a indiqué Norbert Dentressangle. TLF (Fédération des entreprises de Transport et Logistique de France), dont le groupe drômois est adhérent, admet avoir déjà eu connaissance d'un tel cas mais ne saurait dire quand et quel transporteur cela concernait. « Norbert Dentressangle est dans son droit. Nous ne pouvons prendre position tant que la décision de justice n'a pas été prononcée. C'est une affaire interne à l'entreprise », affirme Alexis Bordet de TLF.
« Répercuter la somme faramineuse de 7 millions de francs pour 24 jours de grève, c'est un peu fort. Lorsque l'employeur ne fait aucun effort pour engager la négociation, il doit ensuite assumer ses responsabilités », explique Serge Héklinger, secrétaire général FO-Transport du Pas-de-Calais. Il ne croit pas que Norbert Dentressangle aura gain de cause devant la justice. Il a également précisé qu'il n'y avait pas eu de casse pendant la grève. Selon lui, la seule chose que Norbert Dentressangle puisse reprocher aux grévistes, c'est de ne pas avoir libéré les sites immédiatement après l'arrêt de la Cour d'Appel de Douai ordonnant la levée des blocages. Ce qui correspond à la période du 6 mars à 18 h au 7 mars à 17 h.
Pascal Catto, de la CFDT Pas-de-Calais, estime, pour sa part que FO a commis l'erreur de ne pas mettre dans le coup les autres syndicats. « Quelques adhérents CFDT isolés ont néanmoins participé à la grève par solidarité. En réclamant cette somme, Norbert Dentressangle met la pression sur les salariés pour qu'ils démissionnent. Il retirera sûrement sa plainte avant l'audience », a t-il ajouté. D'après les différents syndicats interrogés, il semblerait donc que Norbert Dentressangle veuille pousser dehors les « agitateurs ». Sur les 25 salariés cités à comparaître devant les prud'hommes, 10 ont déjà accepté un « licenciement à l'amiable ». D'après Roger Poletti, secrétaire général de FO-Transport, l'avocat de Norbert Dentressangle aurait en effet proposé une prime de départ de 34 000 F aux salariés non syndiqués et de 200 000 F aux délégués syndicaux pour abandonner toute poursuite. Pour lui, Norbert Dentressangle exprime, une fois de plus, « sa volonté absolue d'écraser les salariés ».