Le transport avicole perd des plumes

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Le dépôt de bilan de BSAD, filiale distribution du groupe avicole Bourgoin (n°2 des éleveurs européens de volailles après Doux), touche de nombreux transporteurs bretons, spécialisés dans le transport de graines, de volailles vivantes et de produits frais. Selon la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR), les dettes de transport de BSAD s'élèvent à 75 MF, sur un passif évalué à 500 MF. Les entreprises impayées ont jusqu'au 17 mai pour déclarer leurs créances par lettre recommandée avec accusé de réception à Michel Verplaeste, nommé représentant des créanciers (adresse : 2, chemin de la Guimbarde 89300 Joigny). Dans quelques mois, les transporteurs doivent donc s'attendre à subir, non seulement les conséquences du dépôt de bilan de BSAD, mais aussi la morosité qui atteint l'ensemble de la filière avicole bretonne, suite à la crise de surproduction européenne et à l'épisode de la dioxine.

Bourgoin a entraîné dans sa chute LEDT (Logistique européenne de distribution et de transport), basée à Guerlesquin (Finistère). Après son dépôt de bilan le 28 mars, cette entreprise a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Morlaix le 31 mars. Spécialisée dans le transport de poussins et d'aliment pour volailles, elle réalisait 40 % de son chiffre d'affaires (45 MF en 1999) pour BSAD et ses filiales Breizh production et Breizh'al, également en dépôt de bilan. « Ces trois sociétés nous laissent un impayé de 3,5 MF » indiquait Erwan Tilly, P-dg de LEDT, dans Ouest France (29/03). Au lendemain de sa liquidation judiciaire, il assurait qu'il ferait tout pour trouver un repreneur. Les 92 salariés (dont 80 conducteurs), payés pour l'instant grâce à l'excédent de trésorerie, s'inquiètent pourtant pour leur avenir. La FNTR a alerté Jean-Claude Gayssot du caractère délicat de la situation des transporteurs bretons. Pourtant ces derniers se veulent confiants. « Pour l'instant, nous sommes payés comptant. Nous pourrions toutefois envisager de faire appliquer l'article 101 du Code du commerce, modifié par la Loi Gayssot », affirme Jean Salou, P-dg de la Société Nationale des Transports Bellec (SNTB). La loi oblige, en effet, le destinataire à payer le transporteur en cas de défaillance de l'expéditeur. Située à Lorient (Morbihan), SNTB relie les usines de Bourgoin et de ses filiales en Bretagne. Cette activité représente près de 30 % de son chiffre d'affaires (35 MF en 1999).

Jean-Michel Mousset, P-dg des transports Mousset, en Vendée, reste également optimiste même s'il considère cet accident comme regrettable. « Malgré l'ardoise laissée par Bourgoin, notre entreprise n'est pas en péril. Nous continuons à travailler comme avant avec trois abattoirs du groupe , que nous approvisionnons en volailles vivantes depuis les élevages. » Avec 30 MF, Bourgoin représente 12 % du chiffre d'affaires 1999 de l'entreprise vendéenne.

Les groupes de transport frigorifique, tels que STEF-TFE, Exel Logistic ou STG restent silencieux. Une discrétion qui est, peut-être, dictée par leurs interlocuteurs de la grande distribution, eux aussi destinataires de volailles et sans doute peu désireux d'avoir à régler une partie des factures de Bourgoin si la loi Gayssot s'appliquait.

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