95 milliards de francs. C'est le cumul des chiffres d'affaires annuels des 29 entreprises qui apparaissent cette année sur l'organigramme financier des groupes français du transport routier. Une activité qui mélange des spécialités aussi diverses que la logistique, le transport de colis, le transport routier de lots complets, la location, la messagerie, etc. Une économie qui reste encore largement dominée par l'Etat actionnaire. Celui-ci contrôle au moins un quart de ces 95 milliards de francs. Plus même, si l'on ajoute les activités de La Poste ou du Sernam, voire celles de certaines filiales de la SNCF.
Depuis plus de dix ans, l'économie française, et le transport routier en particulier, peine à se libérer du carcan dirigiste. Pendant des années, seule l'initiative privée nationale a pu l'y aider.
Aujourd'hui, l'Europe et la mondialisation de l'économie accélèrent peu à peu le mouvement. Il suffit de constater le nombre grandissant de prises de participations étrangères dans les groupes français du transport. Ces nouveaux actionnaires pèsent désormais presque aussi lourd que l'Etat sur l'organigramme. Certes, parmi eux figurent des entreprises publiques comme la Deutsche Post ou ABX Logistics. Mais, leur privatisation sans cesse annoncée, toujours retardée, finira par être accélérée sous la pression du libéralisme européen. Reste à savoir si la stratégie de ces géants peut leur garantir un avenir. Pour autant qu'on le sache, elle se résume encore trop souvent à la recherche de profits financiers à court terme ou au coûteux rachat de parts de marché à la rentabilité douteuse. C'est loin d'être suffisant pour survivre dans une économie de services qui privilégie l'adaptabilité, la réactivité et l'esprit d'entreprise. Des qualités qu'ont su préserver les quelques groupes français à capitaux personnels qui figurent cette année sur l'organigramme.