De graves insuffisances en matière de sécurité. Moins d'un an après la catastrophe du Mont-Blanc, ces révélations viennent de donner lieu, coup sur coup, à la fermeture aux poids lourds de deux tunnels routiers. Deux ouvrages obsolètes ou inappropriés à leur usage. Et pour cause : en Savoie, le tunnel du Chat date de l'entre-deux guerres. A Sainte-Marie-aux-Mines, dans les Vosges, c'est une ancienne percée ferroviaire qui a été réaffectée en 1976 au trafic routier. Deux infrastructures qui - l'une gérée par l'Etat, l'autre par une société concessionnaire - symbolisent l'indigence des crédits consacrés à la modernisation du réseau secondaire. Une paupérisation dont les transporteurs routiers font aujourd'hui les frais, confrontés à des décisions brutales et à de multiples interrogations. En présence de risques - nombre insuffisant d'abris pressurisés ou mauvaise résistance au feu des gaines de protection -, préjudiciables à l'ensemble des usagers, que signifient des interdictions limitées aux seuls véhicules utilitaires ? Comment expliquer l'absence de signalisation, en amont du col, indiquant aux conducteurs le caractère dangereux de la route et l'existence d'itinéraires de transit ? Combien de tunnels à risques - 31 ont été déclarés non conformes - devront être interdits aux poids lourds avant que l'Etat n'assume ses responsabilités ? A ces questions sans réponses, le secteur routier ne pourra s'empêcher d'apporter sa propre interprétation : sous couvert d'un légitime souci de sécurité, le ministère de tutelle amorce une politique délibérée de rééquilibrage des modes de transport. Des projets de restrictions d'accès aux autres cols vosgiens et leur interdiction de nuit aux véhicules de plus de 19 t se profilent. La réouverture du Mont-Blanc au trafic des marchandises est toujours en suspens. Les fermetures de gares ont précipité le déclin du mode ferroviaire, celles des tunnels routiers aux poids lourds ne manqueraient pas de produire les mêmes effets.
Editorial