La Fédération souligne, en effet, qu'un poids lourd moderne pouvant parcourir sans problème 3 500 km avec un plein, il lui est possible d'effectuer un voyage aller-retour vers n'importe quelle destination en Allemagne sans devoir passer une seule fois à la pompe sur ce territoire où l'écotaxe représente un surcoût d'environ 40 centimes par litre. Ce qui porte la part du poste carburant à un cinquième du coût de revient total des entreprises.
En 1999, le BGL (la fédération nationale allemande du transport routier, de la logistique et de l'enlèvement des déchets) a demandé une expertise de la loi instituant l'écotaxe à deux spécialistes du droit public. Ceux-ci ont estimé le texte contraire à la Constitution en raison des inégalités qu'elle introduit. Il accorde ainsi aux industriels des avantages fiscaux qui, associés à un allégement des charges patronales, entraînent une réduction nette de leurs coûts de revient (de l'ordre de 4 % pour le secteur de la construction mécanique). Pour les entreprises de transport routier, en revanche, la loi engendre une hausse des charges de 2,5 %. Les juristes consultés par le BGL soulignent, en outre, que le texte exempt le transport aérien de toute taxe sur le kérosène et que les chemins de fer bénéficient d'un abattement de 50 % sur leurs coûts énergétiques.
Porter l'affaire devant la Cour constitutionnelle allemande est, selon le BGL, la seule solution pour éviter que les entreprises de transport ne fassent les frais de cette réglementation. «Si le gouvernement n'est pas disposé à faire des concessions, nous nous verrons contraints de recommander à nos membres de cesser leurs activités en Allemagne et d'opérer à partir d'une filiale à l'étranger », menace même son délégué général Karl-Heinz Schmidt.