Tibbett & Britten France a racheté la société de transports frigorifiques TCA. Avec cette acquisition, la filiale française du groupe britannique Tibbett & Britten souhaite renforcer la part du transport dans son chiffre d'affaires. Spécialisée dans la distribution en grandes surfaces de boissons non alcoolisées et de produits alimentaires non périssables, cette société réalise 65 % de ses 280 MF de CA grâce à la logistique. Pour TCA, qui dispose d'une flotte de 180 véhicules dédiée aux livraisons de fruits et légumes, le transport représente 90 % des 230 MF de CA réalisés en 1999. « Grâce à l'expérience de TCA, nous allons développer le transport dans nos activités. Les clients demandent des prestations logistiques globales pas uniquement de l'entreposage », soutient Patrick Perrin, P-dg de Tibbett & Britten France. Le second atout de TCA est qu'il permet à la société de distribution de disposer de plates-formes sur toute la France, et notamment dans le Sud-Ouest où Tibbett & Britten était absent. Avec ses 3 entrepôts situés à Plan d'Orgon (13), à Beautiran (33) et à Valence, en Espagne, TCA assure la desserte de fruits et légumes pour la grande distribution sur la moitié Sud de la France et sur la totalité de l'Espagne. Dans les mois à venir, Tibbett & Britten pourrait assister TCA dans son développement sur la moitié Nord de la France. Une perspective qui a fortement motivé la décision de vente de Roland Andres, le P-dg de TCA.
Stratégie de développement. « Avec les phénomènes de regroupement qui ont lieu dans la grande distribution, les entreprises de transport frigorifique seront obligées de s'agrandir pour pouvoir traiter des contrats nationaux ou européens. La taille de TCA ne correspondait pas aux enjeux qui se préparent dans les 2 ans à venir. Les sociétés de transport qui ne pourront plus aborder de gros marchés en direct sont condamnées à devenir des sous-traitants », soutient ce dernier. Figurant parmi les dernières pme indépendantes de sa spécialité, TCA a enregistré en 1999 une croissance de 20 % de ses trafics. En 1998, elle affichait un CA de 170 MF pour un résultat brut de 21 MF. Avec de tels bénéfices, Roland Andres envisageait d'autres alternatives de développement pour son entreprise. Il a notamment tenté de s'allier avec Navarro. Mais des divergences d'intérêts économiques ont mis fin à ces projets. La trésorerie de l'entreprise, estimée à 30 MF, aurait pu permettre d'effectuer des opérations de croissance externe. Mais le P-dg a préféré s'adosser à un groupe fortement implanté en France et en Europe. Pour assurer la pérennité de sa société, Paul Navarro a procédé au même choix en vendant à Stef-TFE.
Des infrastructures onéreuses. Les clients souhaitent réduire le nombre de leurs interlocuteurs en matière de prestations transport. Par ailleurs, leur organisation en flux tendus nécessite de grosses infrastructures immobilières pour garantir les trafics. « Le m3 d'entrepôt frigorifique à température négative revient à 1000 francs. Pour optimiser le fonctionnement des machines et pour abaisser le taux des frais fixes, nous estimons le volume minimum à 20 000 m3, soit un investissement de 20 MF. Pour les plates-formes de produits frais, le coût du m2 s'élève à 4000 francs et la taille minimale est de 10 000 m2. Ces calculs ne prennent pas en compte l'achat du terrain qui dans le cas d'une plate-forme frigorifique, doit égaler 5 à 8 fois la surface au sol des installations », explique Bernard Jolivet, directeur général de Stef-TFE. Avec Exel Logistics France ou encore le breton STG, Stef-TFE est un des principaux acteurs du marché français. Les autres sociétés sont, pour la plupart, des pme travaillant au niveau régional. « La taille critique des entreprises de transport frigorifique a tendance à s'accroître. Pour ma part, je la situe aux alentours de 300 MF de CA. Mais l'importance des investissements pour arriver à une telle activité demande réflexion. Des pme réalisant 110 MF de CA généreront plus de bénéfices que si elles tentent de s'agrandir », soutient Dominique Lacaïle, directeur commercial d'Exel Logistics France. D'autant que les pme constituent, pour les grands groupes, un concours non négligeable, notamment en tant que sous-traitants. Pour Stef-TFE et Exel Logistic France, le part de l'affrètement s'élève respectivement à 25 % et 10 % du chiffre d'affaires.
Une alternative aux grands groupes. « Nous nous appuyons sur des entreprises de taille moyenne pour réaliser la distribution dans des régions où la faible densité de population ne nous permet pas d'installer des infrastructures rentables. En contrepartie, nous offrons à ces sociétés la possibilité d'utiliser les plates-formes Exel pour leur trafic », confirme Dominique Lacaïle. La société Corsi-FIT a choisi cette option pour assurer ses livraisons nationales. Cette entreprise dispose de deux sites d'exploitation. Le premier situé à Saint-Dizier assure la desserte régionale de produits congelés. Le second, basé à Metz, a permis de développer les activités de messagerie et de groupage. « Nous effectuons la ramasse sur les départements de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle, et nous les redistribuons sur toute la France sauf le Sud-Ouest », explique Michel Fesler, responsable de la division froid de Corsi-FIT. Cette société a créé sa branche frigorifique en juin 1998. En 1999, cette dernière a engendré un CA de 25 MF sur un total de 150 MF. Pour 2000, le P-dg a fixé les objectifs de cette activité à 40 MF pour 160 MF de CA. « Les pme disposent de plus de souplesse et de réactivité que les grands groupes. Elles répondent plus précisément aux besoins des clients. Nous sommes persuadés que des pme dynamiques, indépendantes et structurées ont une place à prendre sur ce marché », lance Yves Corsi. Selon René Lefebvre, P-dg de Trans Artois Frigo (TAF, 150 MF de CA, 80 véhicules), « les chargeurs ne veulent pas que les prix du transport soient imposés par des entreprises en situation de monopole ». Dans cette optique, certains de ses clients lui proposent régulièrement d'élargir ses prestations dans le sud de la France. « TAF enregistre une croissance annuelle moyenne de 3 à 4 %. Nous ne voulons pas aller trop vite. Nous sous-traitons 30 % de nos trafics et nous ne souhaitons pas devenir sous-traitants de grands groupes. Notre taille nous permet de conclure tous nos contrats en direct sur la France et la Grande Bretagne », se réjouit René Lefebvre. Le marché des produits sous température dirigée est stable. Il est peu soumis aux périodes de crise. En outre, ce secteur dispose encore d'un fort potentiel de développement. Stef-TFE estime à 30 % le nombre d'industriels ou de distributeurs français qui traitent encore en propre leur transport et leur logistique.
Leader sur le marché européen, Stef-TFE a réalisé en 1999 un CA de 7 milliards de francs, dont 2 MdF en logistique, 4 MdF en messagerie et 1 MdF en groupage. Ce groupe représente environ 50 % du marché français de la messagerie de produits sous température dirigée. Sur les autres segments du transport frigorifique, sa pénétration avoisine 25 à 30 %. Son challenger, Exel Logistics France, filiale du groupe britannique NFC, dispose de 26 plates-formes logistiques et de 190 000 m2 entreposables. En 1999, il a enregistré un CA de 1,25 MdF, dont 1 MdF en frigorifique. Sur ce secteur, 10 % revenait à la logistique, 10 % à l'affrètement et 80 % à la messagerie. Pour 2000, la croissance du CA a été fixé à 5 %. Exel Logistics France souhaite privilégier « le suivi de ses clients » et la « qualité du CA ». La société bretonne STG (environ 750 MF de CA) se classe troisième sur ce marché des entreprises frigorifiques, devant Hays Logistique France (512 MF de CA en frigo). Face à ces groupes, Hexafroid présente un réseau de 9 entreprises spécialisées dans le transport et la logistique de denrées périssables sous température dirigée. Avec un CA cumulé d'environ 1,2 MdF, une flotte de près de 900 véhicules et des effectifs de 1500 personnes, il oeuvre sur le marché des produits frais et surgelés. « Quand un dossier national nous est confié, nous le partageons en 2 ou 3 entreprises. Mais certains gros clients souhaitent n'avoir qu'un seul interlocuteur. Nous réfléchissons donc à la possibilité de nous regrouper sous une holding commune. Sous cette forme, Hexafroid deviendrait alors un deuxième Exel Logistics France », explique Rémy Boinot, P-dg de BSA, une entreprise membre d'Hexafroid.