Pour une politique de continuité

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Récemment porté à la présidence de l'Unostra, l'autocariste normand Daniel Chevallier prône la poursuite de la politique menée depuis huit ans par son prédécesseur, Jean-Louis Amato. A savoir défendre les intérêts des pme, mais également « les aider à accéder à la modernité et leur faire prendre conscience des échéances à venir ».

Un autocariste à la présidence de l'Unostra, est-ce bien raisonnable ?

Etre issu du monde « voyageurs » me confère un avantage, celui de la neutralité à l'égard des us et coutumes du secteur marchandises. Je l'aborde sans a priori et ouvert à toute réflexion. Par ailleurs, le critère de taille joue davantage, à mon sens, que celui de l'activité. Qu'elles soient marchandises ou voyageurs, les pme de transport connaissent toutes, à des degrés divers, les mêmes difficultés. Enfin, je participe depuis 15 ans au comité de direction de l'Unostra. Depuis huit ans, c'est en totale collaboration que nous avons pris, Jean-Louis Amato et moi-même, toutes les décisions qui engageaient l'organisation.

Quelles seront les grandes orientations de votre politique ?

La politique que j'entends mener sera dans la continuité de celle initiée par Jean-Louis Amato. Le conseil d'administration pourra décider certains infléchissements, mais les grandes lignes seront respectées. Une obligation de cohérence s'impose, en effet, à toute organisation professionnelle. Notre rôle ne se borne pas à taper du poing sur la table. Il est également d'aider les entreprises à accéder à la modernité, à élever leur niveau et à leur faire prendre conscience des échéances à venir. Pour faire passer ces messages, je compte renforcer rapidement la communication interne et externe de l'Unostra.

Pas de risque que l'Unostra revienne à un certain corporatisme sous l'influence, notamment, de nostalgiques de la tarification routière obligatoire qui pourraient se compter dans vos rangs ?

Eviter de laisser déraper l'Unostra vers des dérives corporatistes, ce sera à moi d'y veiller. D'ailleurs, les mentalités ont bien évolué dans l'ensemble. Quant à la tarification routière obligatoire, je ne l'ai jamais défendue. Et pour cause : le transport de voyageurs ne l'a pas connue. Néanmoins, peut-on jurer que l'on n'en reparlera pas, un jour, au niveau européen ? Des correctifs doivent être apportés à l'économie de marché, que je défends en tant qu'entrepreneur. Le rapport de forces entre transporteurs et chargeurs est trop déséquilibré. Si, au plan des régions et des activités, l'utilité des pme est reconnue, il faut leur donner des moyens de rééquilibrer le mode de fonctionnement du secteur. Contraindre et sanctionner ne suffit pas. D'autres outils sont à rechercher. Une tarification européenne peut en faire partie, de même que le regroupement d'entreprises ou, plus modestement, la mise en commun de moyens. Je pense, par exemple, à la création de structures conjointes permettant de remédier aux temps d'attente. Faire pression sur les clients peut également passer par la constitution d'unions de transporteurs. Si l'action menée par les « betteraviers » du Nord à l'égard des sucreries ne peut être pérennisée, elle ouvre des pistes. Certains chargeurs commencent à connaître des difficultés pour trouver des transporteurs.

Les mesures prises en matière d'accès au marché et d'organisation des contrôles vous satisfont-elles ?

Le transport routier est parvenu au terme de pistes de régulation telles que le relèvement de l'accès à la profession. Ce renforcement était néanmoins nécessaire, car certaines entreprises n'avaient pas leur place sur le marché, sauf à le perturber. L'encadrement réglementaire des entreprises de transports légers, qui participe d'une logique de transparence, répond également à une demande de l'Unostra. Ces entreprises nous les accueillerons volontiers en veillant à ne pas déséquilibrer la politique de l'organisation. En clair, nous attendrons que ces dirigeants soient bien intégrés au monde du transport avant de leur confier des responsabilités.

L'organisation des contrôles reste, elle, insatisfaisante. Le manque de moyens des Directions régionales de l'Equipement empêche toute équité. Pour des raisons de facilités, les pme sont contrôlées à 100 %. Plus la taille de l'entreprise croît, plus cette proportion s'amenuise. Par ailleurs, le fonctionnement d'entreprises telles que Willi Betz est inacceptable.

Quels sont vos projets pour l'Unostra ?

L'Unostra représente la deuxième organisation professionnelle du transport routier en termes de présence sur le terrain. Mais, elle a besoin de se renforcer, notamment du côté des voyageurs qui représentent environ 10 % des 3 500 adhérents. Son budget est équilibré à 3,5 MF annuellement. Ma priorité sera de rechercher la cohésion en son sein. Une unité qui n'a pas été facile de préserver ces dernières semaines. L'Union régionale Franche-Comté-Bourgogne s'est ainsi mise en congé de l'organisation. C'est son droit : l'Unostra est une union d'unions. En revanche, elle ne peut plus s'en prévaloir et utiliser son logo. Lorsque cette région aura décidé de nous rejoindre, elle devra en faire la demande auprès du conseil d'administration qui sera libre d'accepter ou de refuser. Pour ma part, je favoriserais ce retour en tentant d'aider la nouvelle présidente à une remise en ordre de mouvement.

Préconisez-vous un rapprochement avec la Fédération nationale des transports routiers ?

L'Unostra a évolué dans son discours, la FNTR également qui compte beaucoup de pme en son sein. Il n'est pas question d'une fusion des deux organisations au plan national. Mais, un rapprochement me semble envisageable au plan des régions. Conclure des conventions de partenariat sur des objectifs communs, pourquoi pas ?

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