Le conflit, pendant et après

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Du 10 au 13 janvier, les média dits généralistes ont suivi le mouvement de protestation des transporteurs. Leurs commentaires jour après jour...

« Chez les patrons routiers, «colère» rime en ce début d'année avec «frontière». (...) Reste à savoir comment les routiers belges et néerlandais réagiront à un blocage qui pourrait leur interdire provisoirement l'entrée en France», ironise de La Voix du Nord (9-10/01), à propos des barrages organisés par les transporteurs les 10 et 11 janvier. Nathalie Silbert du journal Les Echos (10/01), quant à elle, se montre perplexe : «En brandissant la menace d'actions (...) le patronat routier amènera-t-il les pouvoirs publics à faire évoluer le projet de décret dans un sens qui lui convient ?». «Patrons ou salariés, les routiers sont au bord de la crise de nerf. D'un côté comme de l'autre, et pour des raisons diamétralement opposées, c'est l'application des 35 heures qui provoque la colère» résume L'Humanité (11/01).

Après la première journée de conflit du 10 janvier, reconduite le 11, Libération (11/01) titre «Les barrages prennent racine». Le Figaro Economie (11/01) constate que «le mouvement de blocage n'a pas réussi à faire bouger le gouvernement». Pourtant, au soir du 10 janvier, Jean-Claude Gayssot, ministre des Transports, déclare dans l'émission «Mots croisés» sur France 2 : «Ma porte a été et restera ouverte».

Jusqu'à quand ? A ce stade du mouvement, la plupart des journalistes ne se prononcent pas. La Voix du Nord (11/01), par exemple, s'interroge sur la suite du conflit. «Les patrons entendent poursuivre leur mouvement de protestation. Jusqu'à quand ?». En tout cas, «Pour le moment, le patronat routier semble décidé à camper sur ses positions» affirment Les Echos (11/01). La Tribune (11/01) est fataliste. «Rien n'y a fait. En dépit de leur mobilisation, les transporteurs routiers paieront ce matin leur gazole un peu plus cher qu'hier». Certains journaux n'ont pas l'air de croire à un conflit de courte durée. L'Humanité (11/01) craint le pire. «Face au double blocage des syndicats salariés et des patrons face au décret d'application des 35 heures, la situation pourrait devenir explosive». A la Une, Ouest France (11/01) commente : «Le mouvement de ce lundi l'a confirmé : un conflit chez les routiers est toujours redoutable (...) Pis : personne ne peut préjuger d'un arrêt de l'action enclenchée». Au début des discussions entre pouvoirs publics et organisations patronales, Les dernières nouvelles d'Alsace (12/01) restent sceptiques et se demandent : «Les négociations aboutiront-elles rapidement ?».

Un bilan contrasté. Au lendemain de l'accord entre le ministère et fédérations patronales, certains journalistes crient à la victoire des transporteurs. D'autres émettent quelques doutes. Le 13 janvier, Le Monde s'exclame «L'action a payé (...) les conducteurs pourront rouler jusqu'à 48 heures par semaine». La Tribune (13/01) dresse un bilan du conflit : «Le patronat routier a obtenu gain de cause sur les barrages. Pas de doute : un poids lourd ou un tracteur judicieusement placés en travers de la route sont autant d'arguments hautement convaincants dans une négociation. (...) Le ministre pourra toujours arguer d'une réelle avancée puisque, après avoir réussi à mécontenter à la fois les patrons et les syndicats avec son projet de décret, il est parvenu à calmer les premiers.». Les dernières nouvelles d'Alsace (13/01) donnent les résultats de l'action : «Routiers : patrons souriants, syndicats dubitatifs». Le Figaro (13/01) constate : «48 heures de barrage auront donc suffi au patronat routier pour arracher au gouvernement des concessions supplémentaires sur les 35 heures». Pour Ouest France (13/01), «ça roule pour le patronat routier».

En revanche, «La dérogation concernant la mise en place des 35 heures calme à peine les patrons qui ont participé à ce mouvement mais en retirent, pour la plupart, une réelle amertume» relèvent les journalistes de la Voix du Nord (13/01) suite au recueil de témoignages sur les barrages. Jean-Claude Gayssot, interrogé sur Europe1 le 13 janvier, il se montre, lui, satisfait de l'issue des négociations : «C'est un progrès tout à fait significatif». «Ce n'est pas comme ça que les syndicats de salariés l'ont pris» rétorque Jean-Pierre Elkabach. Le journaliste revient ensuite à l'attaque : «Notre confrère La Tribune dit «la force est à la force, la loi pèse peu face aux gros bras». Est-ce que le négociateur Gayssot négocie ou il cède ?». Réponse du ministre: «Non seulement je ne cède pas mais je vous le dit : les discussions ont un but en ce qui concerne la responsabilité du gouvernement» .

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