Plantard Transports, messager régional basé à Malestroit (56), vient d'être placé en redressement judiciaire avec une période d'observation de 6 mois. Se félicitant du soutien que lui apportent salariés, fournisseurs et certains clients, Jean-Yves Plantard, P-dg de Plantard Transports, espère pouvoir sortir de cette situation sans licenciements : « Notre métier est une industrie de services et donc de main d'oeuvre. Aucun robot ne saurait remplacer un exploitant ou un conducteur. » Il n'envisage pas non plus de fermeture d'agences : « Nos cinq sites nous permettent de couvrir l'Ouest. En sacrifier un reviendrait à perdre notre dimension régionale. » Mais, c'est l'administrateur judiciaire qui en décidera.
Après un exercice 1998 « correct », le déficit d'exploitation de l'entreprise devrait se situer entre 1,5 million et 2 millions de francs pour un chiffre d'affaires de 50 millions de francs en 1999. « Ce n'est pas énorme mais c'est difficilement tenable dans un secteur où les marges sont tellement étroites », estime le P-dg, qui trouve plusieurs explications aux difficultés de son entreprise. La pénurie de conducteurs « nous amène à faire appel à des intérimaires qui ne connaissent pas forcément bien les tournées ». D'où une hausse des coûts de revient et en particulier du poste carburant et des difficultés à revaloriser les tarifs sur un marché de la messagerie où la concurrence est particulièrement rude. « Nous souffrons également de la restructuration de ce secteur. Nous réalisons en effet 20 % de notre chiffre d'affaires avec des clients directs et 80 % avec des confrères. Danzas était un de nos plus gros remettants. Il travaille désormais dans l'Ouest avec Arcatime rachetée fin 1999. Broos Fouya était également notre partenaire en région parisienne jusqu'à ce qu'il soit repris par TNT », explique Jean-Yves Plantard.
Restent les correspondants des réseaux indépendants. Plantard est notamment membre de France Rapide. « En raison de notre situation géographique, nous sommes essentiellement distributeurs et nous ne maîtrisons donc pas les prix. France Rapide impose de toutes façons un tarif unique », souligne Jean-Yves Plantard en souhaitant voir ses confrères avoir quelques « réflexes salutaires de solidarité ».
Pour rester indépendant, Jean-Yves Plantard mise sur la création d'un grand réseau national avec un rapprochement d'étoiles régionales. Mais, pour assurer la survie de son entreprise, il n'écarte pas l'éventualité de s'allier à un grand groupe, quitte à ouvrir son capital. Dans un tel cas, la Bretagne perdrait son dernier petit messager indépendant.