Il en rêvait depuis des mois. Il l'avait promis. Il l'a fait. Louis Gallois, président de la SNCF, vient d'annoncer les grandes lignes de son projet de cession du Sernam, service de messagerie de l'entreprise ferroviaire, au groupe Geodis. Celui-ci ayant pour actionnaire principal la SNCF, on reste donc dans la famille des entreprises publiques. Par les curieux effets de la social-économie française, l'opération devra pourtant être avalisée par l'ex-commission des privatisations. Cette procédure n'est pas la moindre des bizarreries qui entourent l'annonce faite par Louis Gallois. Le président de la SNCF explique, en effet, que « sa présence au sein de Geodis apporterait au Sernam la dimension européenne » !!! Laquelle ? Dépourvu de moyens financiers, accablé par une rentabilité financière précaire, Geodis n'a pas trouvé, depuis des années, les moyens financiers d'assurer un réel développement européen. Par quel miracle peut-il espérer le réussir désormais alors qu'il va devoir gérer les problèmes sociaux, financiers et commerciaux du Sernam ? Sans doute ne s'agit-il là que de broutilles ! Le P-dg de la SNCF assure en effet que « le Sernam apporterait à Geodis un fonds de commerce, un savoir-faire et des capacités d'innovations très complémentaires des siennes, en particulier en terme de transport ferroviaire ». Pour ceux qui douteraient encore de sa vision stratégique, Louis Gallois précise que la SNCF s'engage à couvrir, à ses frais et pendant trois ans, les éventuels déficits d'un Sernam filialisé au sein de Geodis. Mieux, il ajoute 400 millions de francs de promesse d'investissements en immobilier et en informatique. Et, grand prince, il envisage d'ouvrir le capital du futur Sernam à ses salariés... S'il en reste.
Editorial
