Organiser une semaine sans camions au début de l'année prochaine. Un an après sa création, l'idée d'une grève fait son chemin à la Fédération des entreprises de transport et logistique de France (TLF) réunie en congrès à Marseille les 24 et 25 novembre. Cette décision « de dernier recours » sera prise, après promulgation de la loi sur les 35 heures, si toutes les tentatives d'obtenir des dispositions spécifiques pour le personnel roulant échouaient ou si ces dernières s'avéraient insuffisantes, indique Georges Drouin, président d'honneur et membre du directoire. Ainsi, le dispositif dérogatoire « juridiquement solide » devra concerner tous les conducteurs et non les seuls grands routiers, atténuer l'impact des repos récupérateurs et se caler sur les futures normes de durée du travail européennes. « Pour le moment, nous utilisons une voie diplomatique mais ferme auprès de Matignon et du ministère des Transports. Mais, nous n'accepterons pas la mise à mort de nos entreprises. Or, nous disparaîtrions du marché si la France s'écartait fortement des 48 heures de travail hebdomadaire en moyenne sur 4 ou 6 mois prévues au plan communautaire », affirme Georges Drouin. TLF compte sur la présidence française de l'Union européenne au 1er juillet prochain pour qu'aboutisse la proposition de directive « qui doit devenir le socle de l'harmonisation sociale » y compris pour les artisans-transporteurs.
Réponse de Hubert du Mesnil, directeur des Transports terrestres : « Nous avons quelques semaines pour préciser par voie réglementaire les conditions d'application de la loi Aubry au secteur avec des normes maximales et relancer les négociations paritaires en vue d'un accord étendu. Cet exercice, bien que périlleux, n'est pas injouable. » En revanche, le représentant du ministre met en garde les transporteurs contre les conséquences d'un arrêt temporaire des services car « certaines populations pourraient prendre goût à l'absence de camions sur les routes ».
L'application stricte de la deuxième loi Aubry - « le bogue de l'an 2000 que nous craignons, c'est celui là » - provoquerait également une nouvelle flambée des coûts de revient qui aggraverait celle de 5 % enregistrée depuis le début 1999. Un autre sujet d'inquiétude pour les transporteurs en dépit des appels à répercuter les hausses sur les chargeurs. En cas d'échec des négociations tarifaires, les chefs d'entreprise doivent jouer de « leur capacité à refuser des marchés dans la mesure où le marché est porteur », insiste Alain Fauqueur, vice-président.
Au plan de la concurrence interentreprises, Jean Chabrerie, qui devient président délégué aux affaires internationales, dénonce une nouvelle aberration du système français. Il estime « inacceptable » que la transcription nationale de la directive sur la libéralisation des services postaux puisse se traduire par un renforcement du monopole de La Poste. C'est pourtant ce qui semble se profiler avec « une adaptation partielle et partiale du texte européen qui assimile le service universel d'envois postaux, confié à l'opérateur public, à un service public ».
Heureusement, TLF trouve des motifs de satisfaction en son sein même, avec la création d'un comité directeur de douze membres chargé de définir sa ligne politique et d'un conseil des métiers de la messagerie et de l'express - auquel se joint l'Ufex (Union française de l'express) - placé sous la présidence de Lucien Dumont-Fouya. Elle annonce également l'installation de son siège à une nouvelle adresse parisienne et un organigramme avec Hervé Cornède comme délégué général et Alexis Bordet en tant que délégué général adjoint pour les activités terrestres.