Des milliers de poids lourds et quelques centaines d'automobiles sont restés prisonniers, avec leurs conducteurs, sur les autoroutes du sud de la France, les 20 et 21 novembre derniers, à cause de chutes de neige pourtant prévues par les services météorologiques. Imprévoyance des sociétés concessionnaires d'autoroutes, manque de réactivité des pouvoirs publics et des forces de l'ordre, incivisme de certains conducteurs automobiles, pourtant privilégiés par les secours envoyés sur place... Plusieurs tentatives d'explication ont été avancées ici et là pour justifier le blocage de l'A7, un des plus importants axes du trafic routier français. Mais, la plus marquante, la plus répétée, la moins démentie des attaques fut, une fois de plus, dirigée contre les poids lourds qui, non contents de polluer, d'embarrasser, de bouchonner, de bloquer les belles campagnes françaises, s'aventurent inconsciemment sur les autoroutes enneigées. C'est tout juste s'il n'a pas été reproché aux conducteurs routiers d'être incapables de piloter leur véhicule sur la neige.
Cette cascade d'accusations infondées intervient à la fin d'une année au cours de laquelle, notamment après la catastrophe du Mont-Blanc, puis lors de l'épisode burlesque de l'éclipse de soleil, le transport routier de marchandises a été systématiquement mis au banc de la société française. Prises au piège de la négociation avec des pouvoirs publics de mauvaise foi, les organisations professionnelles se sont montrées impuissantes à faire valoir les intérêts des transporteurs. On ne leur a accordé, au mieux, que les miettes de leurs revendications. Dans ces conditions, il ne peut plus être question de défendre une image de marque en lambeaux. Il faut agir pour obtenir un minimum de considération. Quitte à employer des moyens politiquement incorrects.