Quelle hypocrisie !

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, gérant des Transports Transalpins, une pme installée à Chaingy (45), dénonce, avec fermeté, l'attitude du ministre des Transports et du représentant syndical de Force Ouvrière lors des débats concernant l'assouplissement des règles de circulation des poids lourds le dimanche. Le dirigeant estime qu'ils ont fait preuve d'une méconnaissance totale de la profession.

Hypocrisie ? Démagogie ? Ces deux maux ne seraient-ils point devenus le fonds de commerce de Messieurs Jean-Claude Gayssot, notre ministre des Transports et Roger Poletti, du syndicat Force Ouvrière, lorsqu'ils abordent une des grandes « nuisances » de cette fin de siècle (et sans doute du suivant), à savoir la circulation des poids lourds le dimanche ! Les poids lourds ne sont pas plus dangereux le dimanche que les autres jours : les routes à grande circulation y sont en général très fluides.

Anti-route. Mais, s'il s'agit de la tranquillité de l'automobiliste lors du sacro-saint départ en week-end, alors il faudrait demander l'interdiction de circulation des camions dès le vendredi midi. Un peu de logique Monsieur le Ministre !

L'ancienne législation autorisait les conducteurs internationaux à regagner leur base (et donc leur domicile la plupart du temps) en fin de semaine. Est-ce plus raisonnable que de leur imposer aujourd'hui un repos forcé de 24 heures sur le bord de la route ou, pire, au bistrot du coin ? A-t-on procédé à un sondage pour leur demander leur opinion ? Combien d'entre eux font actuellement du « forcing » pour rentrer « à la maison » avant 22 h le samedi dans le but d'éviter cette immobilisation ? Cela ne nuit-il pas bien plus à la sécurité publique ?

Monsieur le Ministre et Monsieur le Syndicaliste, malgré vos rares visites à la profession, je vous soupçonne de ne rien connaître à la vie du routier que vous prétendez défendre, et de tenir un discours « anti-route » primaire dans le seul but de masquer votre impuissance à résoudre les problèmes engendrés par son succès croissant, faute évidemment des moyens nécessaires. Mais que dire alors de ceux qui vous encouragent ? Je veux parler des autres usagers de la route. Tout le monde sait bien que les Français veulent la gare, mais pas les rails... A ce propos, je voudrais dire à une auditrice qui se plaignait récemment sur une radio périphérique de la lenteur des manoeuvres de dépassement des poids lourds que c'est une des conséquences de l'installation, sur ces mêmes véhicules, des limiteurs de vitesse qu'elle a sûrement approuvée un jour.

Tarzan. Quant aux syndicats de conducteurs routiers, il y a belle lurette qu'ils ne représentent plus rien dans notre profession. Leur seule force, leurs seuls coups d'éclat se réduisent à occuper la place médiatique, de préférence la télévision ou la radio où, faute de temps, on privilégie le sensationnel. Il est vrai que les médias n'ont plus vraiment le choix : quelques rares syndicalistes ou bien... Tarzan ! D'où le discours « politiquement correct », écologique si possible, et quelques actions spectaculaires mais peu efficaces. Mes confrères ? Je serai plus circonspect. Pour certains, la majorité sans doute, ils ne sont pas concernés par le problème. Effectuant un trafic national, leurs conducteurs sont rentrés le vendredi soir. Ils n'ont donc aucune raison d'encourager la circulation des camions le dimanche. Quant aux autres, je voudrais leur dire que s'ils ont la naïveté de croire qu'ils vont ainsi freiner leurs concurrents étrangers (comme certains l'ont cru lorsque la dérogation qui permettait aux poids lourds internationaux de regagner leur base a été supprimée), je prends rendez-vous avec eux. J'ai connu autrefois un chef d'entreprise qui se réjouissait de la défaillance de ses concurrents dans le fol espoir de se retrouver seul ou presque ! La suite ne lui a pas donné raison !

Corvée. Oui, Monsieur le Maire de Chamonix, il fallait un tunnel à double galerie au Mont Blanc. Il aurait sans doute sauvé des vies et facilité l'écoulement du trafic. Oui, Monsieur le Ministre, un ferroutage pratique et compétitif est souhaitable le plus tôt possible. Non, Monsieur le représentant de Force Ouvrière, vous ne mettrez pas tout sur des wagons, et vous feriez mieux de militer pour des mesures simples, de nature à faciliter la vie de ceux que vous voulez protéger, au lieu de la leur compliquer. Laissez-les rentrer chez eux, évitez-leur des manutentions pénibles qui sont monnaie courante et que les inspecteurs du travail, plus préoccupés de carriérisme que par l'assainissement de la profession, ne répriment pas. Faites cesser, une fois pour toutes, les échanges de palettes, nouvelle corvée pour les chauffeurs routiers. Mais, même cela, le pouvez-vous ?

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