Une progression de trafic de 41 % entre 1994 et 1998, des prévisions à + 55 % d'ici 2005 et + 30 % à l'horizon 2010. Le transport de marchandises par conteneurs maritimes poursuit son développement en Europe. Au revers de la médaille, figure le risque de saturation des axes routiers français, qui absorbent plus de 82 % des acheminements pré-et post portuaires. Face à ce danger mis en avant par certains experts, diverses propositions sont avancées. Elles portent essentiellement sur la réorganisation des grandes lignes de conteneurs, notamment le recours à des liaisons maritimes de groupage et de dégroupage entre les ports. Ou encore l'amélioration de la desserte ferroviaire avec la mise en service de couloirs de fret ferroviaire plus performants. Et si les réponses se trouvaient malgré tout du côté de la route ? Quitte à renforcer, par exemple, les infrastructures de transport pour supprimer les goulets d'étranglement. Elles passeraient aussi par la mise en oeuvre d'une mesure, favorable à la productivité, demandée depuis 1995 : les 44 t pour les véhicules routiers tractant des conteneurs dans un rayon de 150 km autour d'un port maritime. Si la dérogation a été accordée sans états d'âme au rail-route et au fleuve-route, son extension au mer-route se heurte à un solide barrage ministériel, déplore le Groupement interprofessionnel portuaire (GIP). Lequel réunit des chargeurs de l'AUTF (Association des utilisateurs de fret) comme des organisateurs de transport de TLF (Fédération des entreprises de transport et de logistique de France). Un projet d'arrêté dort dans les tiroirs depuis 1996. Aux arguments économiques des acteurs portuaires, les pouvoirs publics opposent un discours d'ordre réglementaire. Cette mesure amorcerait la généralisation des 44 t, soutient le ministère en guise de justification. Ce qui équivaudrait à un relèvement des poids maximaux auquel il se refuse obstinément. Sans fournir, là aussi, de véritables explications.
Editorial